Prison ferme pour un Seynois accro aux jeux vidéo
Ses addictions aux jeux vidéo, à l’alcool et au cannabis lui ont fait perdre les pédales, au point de se couper du monde. Et de lever la main sur son père.
Un jeune homme accro aux jeux vidéo a été condamné hier à Toulon à une peine de
prison ferme. « Vous êtes l’expression vivante de la dangerosité des jeux vidéo à haute dose », lui a lancé la présidente du tribunal.
Âgé de 26 ans, ce Seynois n’entretenait plus de relations sociales et vivait en pyjama au domicile de ses parents désemparés. Il passait l’essentiel de son temps devant son ordinateur, happé par les univers virtuels de « jeux violents » jusque tard dans la nuit. « J’ai commencé à l’âge de dix ans »,
a relaté le prévenu jugé par visioconférence depuis la prison de La Farlède. Il a quitté le lycée, sans le bac, à l’âge de 18 ans.
L’accès à sa chambre était interdit à ses parents et le jeune homme ne supportait pas non plus que l’un d’eux se trouve sur son passage, ou dans la même pièce que lui, quand il quittait son antre par exemple pour s’approvisionner dans la cuisine.
Un jour où le disque dur de son ordinateur est tombé en panne, il s’est rendu au commissariat pour déposer plainte. « Je pensais que c’était une cyberattaque. »
Aux portes de la folie
Le joueur invétéré se livrait aussi «à
des extorsions récurrentes », selon l’expression du procureur, au préjudice de sa mère dont il dilapidait une partie de la pension d’invalidité en résine de cannabis. « Cinq ou
six joints par jour », a-t-il indiqué. Ce racket aurait été l’objet de la dispute de trop. Le 26 mars dernier, son père l’a dénoncé à la police après avoir été frappé (un jour D’ITT). Le jeune homme, en état
d’ivresse, a été hospitalisé avant d’être placé en garde à vue.
Sans conclure à une altération du discernement, une experte-psychiatre a diagnostiqué « une confusion entre le réel et le virtuel » et des « hallucinations auditives ». «Une perte des synchronisateurs sociaux (...) qui auraient pu aboutir à un syndrome schizophrénique »…
Son placement en détention provisoire a fait progressivement régresser ces symptômes. Son interpellation aura été « un mal pour un bien »,
a convenu le prévenu après un peu plus de deux mois de sevrage. « J’aimerais prendre ma vie en main et trouver un travail. »
Celui-ci avait rédigé une lettre, tenant sur deux feuilles froissées, qu’il n’a pas pu lire intégralement devant un tribunal dont « le temps est
compté », lui a-t-on opposé.
« M’enfermer dans un lieu où circule du cannabis et de possibles mauvaises fréquentations serait disproportionné », a-t-il simplement résumé. Reconnu coupable de « violences aggravées », il a écopé de dix-huit mois de prison, aux deux tiers assortis d’un sursis probatoire (obligations de soins, et de travailler ou suivre une formation) valable deux ans.
Il a été maintenu en détention pour exécuter la partie ferme (six mois) de sa condamnation. « On ne vous laisse pas sortir ce soir, mais rien ne vous empêche de demander un aménagement pour préparer votre sortie ».