24 heures chrono… de réflexion : les coulisses de sa décision
Hubert Falco avait tiré plus vite que son ombre, en mode « légitime défense » après le procès par destination qui lui avait été fait lors du conseil stratégique de LR. En coulisses, la petite histoire confirme que l’exaspération de Christian Estrosi n’était pas moindre. Après le coup de théâtre du maire de Toulon, tout le monde s’attendait d’ailleurs à une seconde salve, niçoise cette fois. Immédiate. Quasi façon puzzle.
Mais passent les secondes, passent les heures, mercredi s’écoule en laissant les observateurs sur leur faim. Pas de prise de position publique, ni de petites phrases assassines sur les réseaux sociaux. Pas plus que de tournée des grands-ducs médiatiques, de talk-show en talk-show sur les chaînes d’information en continu. Non, juste un tweet, à la fin de cette journée parisienne que Christian Estrosi a décidé de ne consacrer, du moins en apparence, qu’aux hommages nationaux, des Invalides à Rueil-malmaison, à l’empereur Napoléon Ier : « Grande journée de méditation pour les jours à venir », poste alors le maire de Nice sur son compte Twitter.
Une histoire de méditation
La méditation aurait donc conduit Christian Estrosi à rompre avec LR. Sauf qu’en coulisses, cette journée parisienne a en fait été ponctuée d’incessants échanges croisés en cascade. Pris de court par la démission d’hubert Falco, que le maire de Toulon n’avait pas partagée avec lui, Renaud Muselier fait le siège du portable de son ami niçois.
Le journal Le Monde croit savoir que Muselier fait pression sur le maire de Nice. S’il a évité de justesse l’opprobre d’une exclusion publique que certains, comme Éric Ciotti, réclamaient à hauts cris, le président de la Région Paca souhaiterait, dit-on, que son ami Christian ne franchisse pas le pas, du moins pas dans l’immédiat. Qu’il attende un peu pour marcher seul.
Dans la rade de Toulon, l’entourage d’hubert Falco, sans être inquiet, se pose un milliard de questions sur l’air de « Estrosi ira-t-il au bout ? ». Le téléphone chauffe. Entre deux hommages à Napoléon Ier, le maire de Nice prend le temps d’appeler le Var. Long conciliabule avec Hubert Falco. Que se dit-on dans le secret de cet appel ?
« Nice compte plus que tout à mes yeux »
Au soir du 5 mai, Christian Estrosi n’aurait d’ailleurs pas complètement arrêté sa décision. Trop de « que faire ? » en tête. Que faire pour quitter une famille politique aux principes de laquelle, notamment le gaullisme social, il reste très attaché ? Que faire face à un parti, Les Républicains, qui ne parvient pas à choisir son plus petit dénominateur commun, soit avec la mouvance d’une droite libérale plus moderne recomposée, soit en assumant le durcissement de ses bases idéologiques, quitte à rompre le tabou d’alliance avec le RN ? Que penser d’un parti, le sien, qui semble ne plus peser qu’à travers la popularité de ses barons, de ses figures emblématiques ?
Tempête sous un crâne, jusqu’à ce qu’en fin de soirée, le maire de Nice prenne, dans le secret de son proche entourage, sa décision. Il se murmure alors qu’elle pourrait être calée, jeudi, sur les journaux télévisées de 13 heures Fausse piste. C’est à la presse écrite qu’il réserve sa vérité, en accordant à Marion Mourgue, notre consoeur du Figaro, l’interview que l’on sait. Le choix de Nice et de son bureau de maire pour cette confession n’est pas anodin. Sans doute ostensiblement symbolique. « Je n’ai aucune ambition nationale, contrairement à des sous-entendus. Je n’ai rien négocié avec qui que ce soit, car je n’attends rien et Nice compte plus que tout à mes yeux », conclut-il d’ailleurs son interview.