Enfin une élection que la droite aborde en force
Départementales La validation des candidats a eu lieu hier. Maîtres jusqu’ici de 25 des 27 cantons, Les Républicains se présentent partout et sont ultra-favoris. Au prix toutefois de savants équilibres.
Les élections départementales (ex-cantonales) vont essayer de se faire une petite place à l’ombre des régionales qui polarisent l’attention. Les deux scrutins se dérouleront le même jour : 1er tour dimanche 20 juin, 2nd tour dimanche 27. Mais les enjeux sont bien différents.
Aux régionales, le suspense est entier. La liste du Rassemblement national conduite par Thierry Mariani s’avère un concurrent de poids face à celle des sortants Renaud Muselier et Christian Estrosi. D’autant plus depuis que la famille LR se déchire autour de l’alliance de premier tour avec LREM.
Aux départementales dans les Alpes-maritimes, rien de tout cela. La majorité de droite tient solidement la barre et le prochain scrutin ne bouleversera pas les grands équilibres au sein d’un hémicycle de 54 conseillers départementaux, élus par binômes dans 27 cantons. Le président, Charles-ange Ginésy, qui a succédé à Éric Ciotti, atteint par le cumul des mandats en cours de mandature, a d’ailleurs pris soin de préciser qu’il s’agissait d’une « élection de proximité ». Pas question de se laisser entraîner dans le conflit que connaissent Les Républicains.
Un LREM soutenu par… LR
S’il n’y aura pas de crise c’est aussi parce que chez LR 06, on a fait en sorte de choisir des candidats qui respectent les équilibres. À Nice et dans l’arrière-pays niçois entre les deux frères ennemis, Christian Estrosi et Éric Ciotti, et dans le reste du département entre les barons locaux, maires ou parlementaires.
Dans les cantons niçois et du haut pays, l’équilibre est presque parfait dans les binômes présentés entre estrosistes et ciottistes. Exemple à Nice-1 : Valérie Sergi (qui a succédé en cours de mandat à la députée Marine Brenier, proche d’estrosi) et Auguste Vérola, soutien de Ciotti (écarté de la liste Estrosi aux dernières municipales) ou Nice-6, Bernard Chaix (ciottiste) en tandem avec Anne Ramos (adjointe d’estrosi). Ailleurs, on retrouve deux ciottistes. C’est le cas d’éric Ciotti qui, dans le canton de Tourrette-levens (qui s’étend jusqu’aux cimes du Mercantour), fait désormais équipe avec une de ses plus fidèles partisanes, la maire de Rimplas, Christelle d’intorni. Pour faire bonne mesure, son ancien binôme, l’estrosiste Caroline Migliore, fait désormais équipe à Nice-4 avec Philippe Pradal, adjoint d’estrosi.
Un candidat LREM est même parvenu à se glisser à Nice-9 dans les binômes soutenus par LR 06 que préside Éric Ciotti : Philippe Soussi, adjoint au maire, conseiller départemental qui a rallié la macronie en juillet 2017. Il avait été alors exclu de la majorité départementale par le président du Département, Éric Ciotti. Dans le deal entre les deux frères ennemis, il a retrouvé sa place de candidat.
Dans le reste du département, les poids lourds locaux de LR ont imposé leurs candidats. C’est le cas notamment à Antibes-2, la sénatrice Alexandra Borchio-fontimp (une proche du maire, Jean Leonetti) est candidate à sa réélection. Même topo à Cannes-1 avec Franck Chikli, adjoint au maire. David Lisnard est, lui-même, à nouveau candidat à Cannes-2.
À Grasse-2, l’hypothèse d’un binôme atypique entre la conseillère départementale PS sortante et adjointe au maire de Mouans-sartoux, Marie-louise Gourdon, et un candidat LR, un temps évoqué, est tombée à l’eau. Impossible pour bon nombre de cadres de LR 06 de tendre une main à la gauche alors même qu’un rapprochement avec LREM à la Région met le parti à feu et à sang. Ce rapprochement aurait eu lieu sous le signe des bonnes relations droite-gauche au sein de l’intercommunalité que préside le maire de Grasse, Jérôme Viaud. Finalement, le chef de l’opposition de Mouans-sartoux, Christophe Chalier, et la première adjointe au maire de Grasse, Valérie Copin, porteront les couleurs de LR. Marie-louise Gourdon faisant binôme à part.
La gauche sous pression dans le canton de Contes
Dans l’autre canton détenu par la gauche, celui de Contes qui s’étend jusque dans la vallée de la Roya, le binôme Valérie Tomasini et Francis Tujague, maire PCF du chef-lieu, aura fort à faire face au nouveau premier magistrat de Breil-sur-roya, Sébastien Olharan, jeune élu aux dents longues proche d’éric Ciotti. La gauche – PS, PCF, LFI, etc. – et les écologistes ont réussi l’union dans la plupart des cantons, ce qui pourrait leur permettre d’aligner des candidats au second tour.
LREM et le Modem, malgré une implantation locale limitée, présentent également des candidats : François Zema, conseiller municipal macroniste d’antibes, Jean-paul Camerano, édile LREM de Grasse, Mike Castro-demaria, élu LREM du Cannet, Mathieu Cavarrot-soler, référent 06 des Jeunes avec Macron (Villeneuve-loubet), Jean-françois Fouqué, ancien délégué départemental du Modem (Nice-1), etc.
Le RN victime du mode de scrutin ?
Le Rassemblement national, présent partout, espère conquérir son ou ses premiers cantons. Cette tâche s’avère compliquée malgré sa bonne implantation, et même si la droite est divisée dans certains cantons avec des candidatures dissidentes de maires battus aux municipales (à l’image de Michelle Salucki à Vallauris face à son successeur Kevin Luciano).
La règle du jeu des départementales ne penche pas en faveur du parti lepéniste. Sont qualifiés pour le second tour les deux binômes arrivés en tête. Et éventuellement un troisième pour peu qu’il ait obtenu plus de 12,5 % des inscrits. Cette barre s’avère quasiment impossible à franchir en raison d’une participation qui s’annonce relativement faible.
Faute de triangulaire, les candidats RN, même s’ils se qualifient pour le second tour, pourraient finalement être devancés au finish. Mais c’est la glorieuse incertitude des élections, comme du sport : rien n’est joué tant que la ligne n’est pas définitivement franchie.