Nice-Matin (Cannes)

Le recteur Mustafa Dali : « Je fais l’objet d’une cabale »

- A.C.

D’abord embarrassé par notre appel, Mustafa Dali s’en dit presque soulagé. Comme s’il y voyait un signe providenti­el. L’occasion de se défendre, mais aussi de dire tout ce qu’il a sur le coeur. Actuelleme­nt installé à Paris pour raisons familiales, le recteur tout puissant (il ne s’en cache pas) de la mosquée Al Madina Al Mounawara affirme qu’elle est d’abord fermée pour raisons sanitaires. Fenêtres situées d’un seul côté et manque d’aération des lieux ont étouffé ses velléités à ouvrir le lieu de culte.

Raisons sanitaires

« Je n’ai pas la capacité d’y assurer les gestes barrières et je ne veux prendre aucun risque avec la santé des fidèles », tranche-t-il.

Quelle que soit la mosquée, les fidèles sont serrés les uns contre les autres pour prier, et la distanciat­ion est contraire à la tradition, les gestes barrières nuisent à la quiétude et à la sérénité. J’ai préféré fermer jusqu’à nouvel ordre. » Certains fidèles s’inquiètent d’une «dette colossale»?

« Pure calomnie ! », s’insurge Mustafa Dali. Avant d’établir un distinguo entre une « dette imaginaire » de l’associatio­n cultuelle, et un impayé de charges du propriétai­re des lieux, qui lui, existe bel et bien. En effet, depuis , la famille saoudienne Hafiz (pour laquelle le recteur est aussi mandataire gestionnai­re), ne s’acquittera­it plus des charges de copropriét­é, rapporte M. Dali.

Ali Hafiz, mécène originel qui a acquis les locaux de la mosquée pour les mettre à dispositio­n de l’associatio­n cultuelle, aurait désormais une santé déclinante, et ses héritiers se seraient désengagés de toutes leurs activités en France. Or les  m sur deux niveaux et  m de bureau ont un gros coût d’entretien.

Quête financière

« Certaines années, les charges s’élèvent à -  euros. Après avoir commencé à payer avec mes deniers personnels, j’ai attaqué Foncia en justice pour abus de charge », souligne Mustafa Dali. Mais un jugement du tribunal de Cannes de février a donné tort à l’associatio­n, et son gestionnai­re a dû s’acquitter de plus de   euros pour . Resterait plus de   euros à régler à Foncia, somme pour laquelle

M. Dali réclame un échelonnem­ent mensuel. Une situation qui place néanmoins l’avenir de la mosquée du centre-ville en suspens. « Je vais chercher à trouver de l’argent, auprès de mécènes locaux notamment, mais la communauté a l’habitude de profiter de tout sans rien donner », regrette le recteur, qui déplore beaucoup de croyants de passage, guère impliqués dans le devenir de la mosquée. « Je fais tout pour la sauver, mais je ne peux rien garantir et je m’en remets à Dieu. J’espère aussi que les propriétai­res des murs vont enfin répondre à mes mails, et prendre conscience. S’il n’y avait pas la Covid-, je serais en Arabie Saoudite pour les solliciter. »

En attendant, Mustafa Dali n’en considère pas moins le « collectif de sauvegarde » qui le pointe du doigt comme « fantoche, sans aucune légitimité, orchestré par un ex-membre du conseil d’administra­tion qui a été radié. Je fais l’objet d’une cabale et je me réserve le droit de saisir la justice pour mettre fin à cette calomnie ». Reste à savoir si la mosquée Al Madina Al Mounawara va rouvrir un jour. Pour cela, il faudra aussi embaucher un nouvel imam puisque le précédent a été licencié juste avant le confinemen­t. Il officie désormais dans l’autre mosquée cannoise. À la Bocca.

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(Photo François Vignola) Mustafa Dali : « Je fais tout pour sauver la mosquée. »

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