Féminicide de Mérignac : une mission d’inspection lancée
Le gouvernement a lancé, hier, une mission d’inspection pour examiner comment une mère de trois enfants a pu être brûlée vive mardi près de Bordeaux par un mari violent qui avait été condamné et emprisonné il y a moins d’un an pour violences conjugales. Menée par les ministères de la Justice et de l’intérieur, elle devra notamment étudier les conditions de remise en liberté et le suivi de l’homme qui purgeait une peine de prison avec sursis, ont précisé le garde des Sceaux Eric Dupond-moretti, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin et la ministre déléguée à Citoyenneté Marlène Schiappa.
Cette mission qui devra rendre ses premières conclusions le 11 mai, devra « vérifier les modalités de mise en oeuvre de la mesure de sursis probatoire dont le mis en cause a fait l’objet », « examiner si cette prise en charge a été correctement effectuée et suivie » et « analyser les suites réservées à la plainte du 16 mars 2021 déposée par la victime », détaillent les ministères. Avec déjà sept condamnations à son actif (conduites en état d’ivresse, violences avec usage d’arme, violences conjugales), l’homme, maçon en CDI, a expliqué aux enquêteurs qu’il était « convaincu que son épouse avait un amant », a dit devant la presse la procureure de Bordeaux Frédérique Porterie.
« Ni alcool ni stupéfiant »
Le suspect, sur lequel n’a été trouvée « aucune trace d’alcool ou de stupéfiant », a dit vouloir « la punir sans la tuer » et « brûler un peu sa femme pour lui laisser des marques », a-t-elle ajouté. Selon le parquet, il « était porteur d’un fusil de calibre 12, d’un pistolet à gaz et d’une ceinture de cartouches », des armes qu’il a affirmé avoir trouvées auprès de « clandestins croisés en ville », a raconté la magistrate.
L’homme, mutique devant les enquêteurs depuis mercredi midi, doit être déféré devant un juge en vue d’une mise en examen pour homicide volontaire par conjoint, destruction volontaire par incendie et violences sans ITT avec armes en récidive légale, un dernier point lié au fait qu’il a menacé un voisin qui tentait de porter secours à la victime.
Après les déclarations de responsables politiques de tous bords appelant le gouvernement à la fermeté, la ministre déléguée à la Citoyenneté, Marlène Schiappa, est venue, hier au commissariat de Mérignac apporter son « soutien » aux policiers intervenus le jour du drame.
Elle a appelé à « un réveil de toute la société ». « Je n’accepte pas qu’il y ait encore des hommes qui considèrent qu’ils ont droit de vie et de mort sur leur femme ou sur leur ex-femme », a-t-elle déclaré à la presse après une réunion à la préfecture.
Devenir une priorité pour les juges
De son côté, la ministre déléguée à l’egalité femmes-hommes, Elisabeth Moreno, a appelé, hier, « tous les juges de France » à considérer les violences conjugales « comme des priorités au sein des tribunaux » pour «éviter» de nouveaux drames.