Dans le Pas-de-calais, le duel Le Pen - Dupond-moretti
Régionales Première passe d’armes, hier, entre le ministre de la Justice, n°2 de la liste LREM dans les Hauts-de-france, et la présidente du Rassemblement national.
Marine Le Pen et Éric Dupondmoretti ont livré hier leur première passe d’armes dans le Pas-de-calais, au lendemain de l’annonce, par le ministre de la Justice, de sa candidature aux régionales (comme tête de liste LREM dans ce département, mais en n°2 au niveau régional) pour éviter « que cette terre file entre les mains du RN ». Selon les sondages, le parti d’extrême droite talonnerait la liste de l’ex-lr et patron sortant de la Région, Xavier Bertrand.
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C’est la présidente du Rassemblement national, par ailleurs députée du Pas-de-calais, qui a ouvert les hostilités, raillant « l’obsession [...] relativement étrange » du ministre à son égard, à l’issue de la cérémonie du 8Mai dans le fief RN d’hénin-beaumont.
« Il paraît qu’il reste quelques bracelets anti-rapprochement [en référence aux propos de la veille du garde des Sceaux sur le sujet des féminicides, lire nos éditions d’hier, Ndlr] en rab’, je suis preneuse », a-t-elle ironisé. Avant d’attaquer frontalement : « J’ai vu beaucoup de forts en gueule venir ici tenter de défier le RN et opérer des rodomontades [...] et ils sont tous assez rapidement repartis plutôt humiliés par l’expérience », a-t-elle ajouté, citant Bernard Tapie et Jean-luc Mélenchon.
« La justice, elle est pourrie »
Quelques heures plus tard, le ministre relevait le gant, lors d’une visite annoncée au dernier moment sur un marché de Lens, au côté de la tête de liste régionale de La République en marche, Laurent Pietraszewsksi.
Il a accusé le RN d’être « un véritable danger pour la démocratie » : «Iln’ya que de la contestation, jamais l’ombre d’une proposition, jamais l’envie de débattre », a-t-il lancé à l’adresse d’une habitante.
La mise en scène de l’affrontement, dans la logique de la majorité présidentielle, a valu quelques retours positifs au ministre. « Allez, débarrassez-nous de Marine », a lancé un commerçant.
Mais l’ex-star des prétoires, novice en politique et qui n’entend pas démissionner, a aussi été mis sur la défensive sur ses fonctions à la Justice. « La justice elle est pourrie, comme le gouvernement, il faut rétablir la peine de mort » l’a bousculé une passante. « C’est de la caricature [...], c’est pas moi qui rend la justice » a tenté de dialoguer Éric Dupond-moretti, qui a renvoyé aux jurés populaires, avant d’être aussi interpellé par un quinquagénaire sur les défaillances de la lutte contre les violences faites aux femmes.
Notamment accompagnée de Tiphaine Auzière, une des belles-filles du chef de l’état, le garde des Sceaux a égratigné au passage Xavier Bertrand, qui a conditionné sa candidature à la présidentielle à sa victoire aux régionales. S’il est élu, le candidat LREM va « lui rester » à la Région, a souligné le garde des Sceaux.
« Ça mouline des bras... »
La mobilisation de ce poids lourd gouvernemental vise aussi à fragiliser celui qui se voit en « troisième homme » de la présidentielle, en rognant sur son électorat régional et en le plaçant, en cas de maintien du LREM au second tour, face à un choix cornélien face au RN.
Le camp Bertrand a d’emblée exclu toute alliance : « s’ils passent la barre des 10 % », LREM devra se désister s’il veut faire barrage au RN, a réaffirmé vendredi Pierre-henri Dumont, député LR du Pas-de-calais. « Dupondmoretti n’a pas osé se présenter contre Marine Le Pen dans le canton d’héninbeaumont [...] et Marine Le Pen n’a pas eu le cran de se présenter contre Xavier Bertrand aux régionales. Et pourtant ça la ramène et ça mouline des bras… », a aussi raillé sur Twitter, pour le camp LR, le maire du Touquet Daniel Fasquelle.
Xavier Bertrand avait pour sa part réagi vendredi en tweetant quelques vers de Jean de La Fontaine : «La ruse la mieux ourdie / Peut nuire à son inventeur / Et souvent la perfidie / Retourne sur son auteur ».
Les néonazis qui projetaient un attentat écroués
Les trois personnes, deux hommes et une femme, membres du groupuscule néonazi « Honneur et nation » et soupçonnées d’avoir un projet d’attentat contre une loge maçonnique dans le Nord-est (nos éditions d’hier) ont été mises en examen et écrouées pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ».