Nice-Matin (Cannes)

Nice : huit ans de prison à deux trafiquant­s des Liserons

Le tribunal correction­nel a condamné ce mardi vingt-trois personnes dont un policier, impliquées dans un trafic de drogue impasse des Liserons. Le procès a duré douze jours.

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

C’est l’épilogue d’un procès-fleuve de vingthuit prévenus, poursuivis pour leur implicatio­n dans un trafic de drogue de cité, en l’occurrence impasse des Liserons, au Nordest de Nice. La présidente Marion Menot a rendu son délibéré mardi dans un calme quasi absolu, malgré une salle d’assises bondée, réquisitio­nnée vu le nombre de personnes à juger.

En fuite au Maroc

Deux hommes sont à la tête de ce réseau démantelé par la police de Nice en octobre 2019 : Alain Andronico, 34 ans et Yassine Haouda, 32 ans. Tous deux ont été condamnés à huit ans de prison et 40 000 euros d’amende. Le premier reste en prison. Le second est en fuite au Maroc, sous le coup d’un mandat d’arrêt. La procureur Clotilde Ledrutinse­au avait requis dix et douze ans contre les deux principaux acteurs du trafic, « des flambeurs qui intègrent le risque de partir en prison ».

Un policier corrompu

Porte-parole le temps du procès des habitants du quartier, la magistrate n’a pas manqué de rappeler « que la majorité n’en peut plus de ces ballets incessants, de l’insécurité que crée nécessaire­ment cette activité, du contre-exemple que cela constitue pour les enfants qui ont le malheur d’y grandir. ». Particular­ité de cette affaire, Toni Favier, un gardien de la paix, qui monnayait ses informatio­ns, a écopé de quatre ans de prison dont deux avec sursis et 5 000 euros d’amende. Il est définitive­ment radié de la police nationale mais ne retournera pas en prison, se félicite son conseil, Me Santini. Le policier, par ses indiscréti­ons, a sans doute empêché la saisie de drogues, d’armes et d’argent. Or, le business du duo Andronicoh­aouda était florissant. En octobre 2019, les surveillan­ces policières dénombraie­nt jusqu’à 124 clients en quatre heures !

La découverte d’une comptabili­té laisse penser que ce trafic générait 1 254 000 euros de chiffre d’affaires en quatre mois : 340 000 euros pour 101 kg de cannabis écoulés, 900 000 euros pour 21 kg de cocaïne, 14 000 euros pour 2 kg d’herbe.

Chance insolente

Peu avant une perquisiti­on, un sac rempli de 90 000 euros en espèces a été jeté d’une fenêtre. Lors de l’opération de police d’octobre 2019 qui a conduit à un énorme coup de

(F.B.T.) filet dans le quartier, 220 000 euros d’avoirs ont été gelés.

Certains suspects n’ont pas pu justifier leur train de vie en décalage avec leurs revenus officiels. Ils ont invoqué une chance insolente aux paris sportifs. Une martingale qui leur rapportait 8 000 à 10 000 euros par mois. De quoi s’attirer l’ironie mordante de la procureure. C’est le cas de Hamid

Houd, 40 ans, condamné à cinq ans d’emprisonne­ment, Hervé Mendes, 33 ans, qui écope de cinq ans dont un avec sursis et 10 000 euros d’amende ou Anas Kouachi, 23 ans (20 000 euros d’amende, 6 ans de prison dont un avec sursis).

Outre quatre relaxes (à la satisfacti­on de Mes Icherqaoui­ne, Sivan et Eyrignoux), la plupart des prévenus purgeront leur peine de prison (inférieure ou égale à deux ans) à domicile, sous surveillan­ce électroniq­ue.

Le congélateu­r en guise de coffre-fort

Emir Boughanmi, (défendu par Me Ginez), condamné à quatre ans d’emprisonne­ment dont deux avec sursis pour avoir corrompu le fonctionna­ire de police, devrait rapidement recouvrer la liberté. Le client de Me Delobel, père d’un des trafiquant­s, dont le congélateu­r servait de coffre-fort, écope d’un an avec sursis, 10 000 euros d’amende et se voit confisquer les 20 000 euros gardés au frais. Lui aussi reste libre. La plupart des personnes impliquées dans ce trafic sont interdites de séjour au 328, route de Turin. Dans cette tristement fameuse impasse des Liserons qui reste rongée par l’économie souterrain­e de la drogue.

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(Photo Frantz Bouton) A l’entrée des Liserons, difficile de ne pas voir les guetteurs, petites mains de trafiquant­s plutôt prospères.

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