« On reste vigilants face au risque de braquage »
Après les vols à main armée qui ont ciblé des bureaux de change et d’or, les pros du secteur s’étonnent de ces faits peu communs dans la commune. Tous espèrent la fin de cette série.
La parole est d’argent, mais le silence est d’or. Il suffit de pousser la porte des boutiques spécialisées dans le change de devises et numismatique pour en voir l’illustration. Logique : après les derniers vols à main armée qui ont visé des commerces antibois du même acabit, les professionnels du secteur désirent faire profil bas.
Pour rappel, dernièrement, trois vols à main armée ont eu lieu sur le boulevard Robert-soleau (1). Une situation peu commune dans la cité des Remparts. « Je suis vraiment étonné, sincèrement je ne pensais pas que cela pouvait arriver ici », reconnaît un professionnel après avoir ouvert la porte sécurisée de son bureau où s’affiche le cours d’une bonne partie des monnaies du globe. Tous le savent, avoir pignon sur rue présente clairement un risque. Celui d’attirer les malfrats. « Vous savez, des gens au comportement étrange, on en voit très souvent », sourit derrière sa vitre blindée un agent.
« Ils repèrent les lieux en amont »
Mais y a-t-il des signes qui ne trompent pas ? « Si vous sonnez à ma porte avec un casque sur la tête, vous pouvez être assuré que je ne vous ouvre pas. Mais mis à part cela... C’est difficile de vous donner des caractéristiques vestimentaires. Puisqu’il faut faire attention, l’habit ne fait pas le moine non plus ! » Touchant le comptoir en bois, il poursuit : « Tout est fait pour garantir la sécurité ici. Mais il est évident que l’on ne braque pas ce type de boutique par hasard. »Il suffit de franchir le seuil des adresses du genre pour le comprendre : chaque agence s’avère radicalement différente.
« Oui, on est loin de l’acte délictueux commis par opportunité », glisse-t-on du côté du commissariat central couvrant la circonscription Antibes-vallauris qui relève la spécificité des faits : « En général, ce type d’affaires prend place dans des commerces moins protégés. Et surtout, cela se déroule lors des fêtes de fin d’année. » Là où, justement, les tiroirs-caisses ont pour réputation d’être plus garnis. Est-il alors question de mettre en place un plan anti hold-up en période estivale, dans la même veine que celui que l’on connaît l’hiver ? Pour le moment, non. Mais comment expliquer ce changement dans le calendrier ? Difficile à expliquer pour la police nationale : « Peut-être y a-t-il un besoin d’argent après les différents confinements ? Quoi qu’il en soit, il semble que les mis en cause sont organisés. » Une préparation qui nécessite de visiter les sites au préalable. « Les gens qui ont ce but savent quoi repérer. Caméras, types de vitre etc. », indique un employé avant de résumer : « Le problème c’est que les braqueurs sont préparés. Pas nous. »
« On se demande si on sera les prochains »
Si tous s’accordent sur le fait qu’il n’est pas question de « jouer les héros » et qu’une vie ne mérite en aucun cas d’être risquée pour sauver des valeurs sonnantes et trébuchantes, ils reconnaissent craindre la potentielle attaque. « C’est surtout le préjudice humain qui est terrible. Après avoir été menacé par une arme, les séquelles doivent être profondes », souffle un salarié en pensant à la mère de famille qui a vécu le braquage de la Société numismatique & d’investissement le mois dernier – dont, d’ailleurs, le local est proposé à la location. « On reste vigilants, c’est tout ce que l’on peut faire », concèdent-ils en s’appuyant sur les systèmes de protection les entourant. Mais estce que cela permet de ne pas venir le matin au travail avec la boule au ventre ? « On se demande si on sera les prochains ! », rit jaune un des professionnels qui se reprend : « Non clairement, je n’ai pas peur. » Même son de cloche chez ses confrères, même s’ils regardent toujours avec attention les faits divers traitant de braquage, pas question de se laisser aller à l’angoisse. Et à raison selon le commissariat qui leur adresse un conseil : « N’hésitez pas à nous signaler des individus que vous avez repérés et qui vous paraissent agir de manière suspecte. » Et si vous vous retrouvez témoin d’un vol à main armée, la précaution demeure de mise : « N’essayez pas d’arrêter le ou les auteurs dans leur fuite. Ils sont dans une décharge d’adrénaline et sont prêts à tout pour réussir leur méfait. Il faut éviter qu’il fasse usage de la violence. » La meilleure chose à faire ? « Appelez le 17. Restez à distance. Et si vous pouvez vous souvenir de détails, comme d’une plaque minéralogique, d’une direction prise ou de signes distinctifs c’est très utile pour les enquêteurs. » 1. Le 19 décembre 2020, un bureau de change est pris pour cible par des malfaiteurs. Le 16 juin, c’est la Société numismatique et d’investissement qui est ciblée. Puis, le 15 juillet, l’agence Globex est visée.