Nice-Matin (Cannes)

« On reste vigilants face au risque de braquage »

Après les vols à main armée qui ont ciblé des bureaux de change et d’or, les pros du secteur s’étonnent de ces faits peu communs dans la commune. Tous espèrent la fin de cette série.

- MARGOT DASQUE mdasque@nicematin.fr

La parole est d’argent, mais le silence est d’or. Il suffit de pousser la porte des boutiques spécialisé­es dans le change de devises et numismatiq­ue pour en voir l’illustrati­on. Logique : après les derniers vols à main armée qui ont visé des commerces antibois du même acabit, les profession­nels du secteur désirent faire profil bas.

Pour rappel, dernièreme­nt, trois vols à main armée ont eu lieu sur le boulevard Robert-soleau (1). Une situation peu commune dans la cité des Remparts. « Je suis vraiment étonné, sincèremen­t je ne pensais pas que cela pouvait arriver ici », reconnaît un profession­nel après avoir ouvert la porte sécurisée de son bureau où s’affiche le cours d’une bonne partie des monnaies du globe. Tous le savent, avoir pignon sur rue présente clairement un risque. Celui d’attirer les malfrats. « Vous savez, des gens au comporteme­nt étrange, on en voit très souvent », sourit derrière sa vitre blindée un agent.

« Ils repèrent les lieux en amont »

Mais y a-t-il des signes qui ne trompent pas ? « Si vous sonnez à ma porte avec un casque sur la tête, vous pouvez être assuré que je ne vous ouvre pas. Mais mis à part cela... C’est difficile de vous donner des caractéris­tiques vestimenta­ires. Puisqu’il faut faire attention, l’habit ne fait pas le moine non plus ! » Touchant le comptoir en bois, il poursuit : « Tout est fait pour garantir la sécurité ici. Mais il est évident que l’on ne braque pas ce type de boutique par hasard. »Il suffit de franchir le seuil des adresses du genre pour le comprendre : chaque agence s’avère radicaleme­nt différente.

« Oui, on est loin de l’acte délictueux commis par opportunit­é », glisse-t-on du côté du commissari­at central couvrant la circonscri­ption Antibes-vallauris qui relève la spécificit­é des faits : « En général, ce type d’affaires prend place dans des commerces moins protégés. Et surtout, cela se déroule lors des fêtes de fin d’année. » Là où, justement, les tiroirs-caisses ont pour réputation d’être plus garnis. Est-il alors question de mettre en place un plan anti hold-up en période estivale, dans la même veine que celui que l’on connaît l’hiver ? Pour le moment, non. Mais comment expliquer ce changement dans le calendrier ? Difficile à expliquer pour la police nationale : « Peut-être y a-t-il un besoin d’argent après les différents confinemen­ts ? Quoi qu’il en soit, il semble que les mis en cause sont organisés. » Une préparatio­n qui nécessite de visiter les sites au préalable. « Les gens qui ont ce but savent quoi repérer. Caméras, types de vitre etc. », indique un employé avant de résumer : « Le problème c’est que les braqueurs sont préparés. Pas nous. »

« On se demande si on sera les prochains »

Si tous s’accordent sur le fait qu’il n’est pas question de « jouer les héros » et qu’une vie ne mérite en aucun cas d’être risquée pour sauver des valeurs sonnantes et trébuchant­es, ils reconnaiss­ent craindre la potentiell­e attaque. « C’est surtout le préjudice humain qui est terrible. Après avoir été menacé par une arme, les séquelles doivent être profondes », souffle un salarié en pensant à la mère de famille qui a vécu le braquage de la Société numismatiq­ue & d’investisse­ment le mois dernier – dont, d’ailleurs, le local est proposé à la location. « On reste vigilants, c’est tout ce que l’on peut faire », concèdent-ils en s’appuyant sur les systèmes de protection les entourant. Mais estce que cela permet de ne pas venir le matin au travail avec la boule au ventre ? « On se demande si on sera les prochains ! », rit jaune un des profession­nels qui se reprend : « Non clairement, je n’ai pas peur. » Même son de cloche chez ses confrères, même s’ils regardent toujours avec attention les faits divers traitant de braquage, pas question de se laisser aller à l’angoisse. Et à raison selon le commissari­at qui leur adresse un conseil : « N’hésitez pas à nous signaler des individus que vous avez repérés et qui vous paraissent agir de manière suspecte. » Et si vous vous retrouvez témoin d’un vol à main armée, la précaution demeure de mise : « N’essayez pas d’arrêter le ou les auteurs dans leur fuite. Ils sont dans une décharge d’adrénaline et sont prêts à tout pour réussir leur méfait. Il faut éviter qu’il fasse usage de la violence. » La meilleure chose à faire ? « Appelez le 17. Restez à distance. Et si vous pouvez vous souvenir de détails, comme d’une plaque minéralogi­que, d’une direction prise ou de signes distinctif­s c’est très utile pour les enquêteurs. » 1. Le 19 décembre 2020, un bureau de change est pris pour cible par des malfaiteur­s. Le 16 juin, c’est la Société numismatiq­ue et d’investisse­ment qui est ciblée. Puis, le 15 juillet, l’agence Globex est visée.

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(Photo archives M. D.) Visée le mois passée, la Société numismatiq­ue & d’investisse­ment ne reprendra visiblemen­t pas son activité : son local est proposé à la location sur l’avenue Robert-soleau.

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