Caravelle Ajaccio-nice : les familles de victimes relancent Emmanuel Macron
Monsieur le Président, je pense que cela a assez duré. » Le ton est incisif d’emblée, plus courtois ensuite. Mais il dit l’exaspération née d’une trop longue attente. Mathieu Paoli veut se faire entendre au sommet de l’état. Voilà pourquoi il a écrit d’une main ferme cette lettre à Emmanuel Macron, le 12 juillet : pour savoir « ce qui s’est réellement passé le 11 septembre 1968, à 10h33 ».
Ce matin-là, la Caravelle Ajaccio-nice s’abîme au large d’antibes, avec 95 personnes à bord. Parmi elles, les parents de Louis et Mathieu Paoli. Ce dernier préside l’association des familles de victimes de la catastrophe. Dans sa lettre du 12 juillet, rendue publique, il rappelle au président de la République son engagement de novembre 2017 : « Aucun obstacle ne devra être opposé à la manifestation de la vérité ».
Le précédent de La Minerve
L’enquête sur le crash avait conclu à un incendie accidentel né dans les toilettes de l’appareil. Une version battue en brèche par nombre de témoignages et éléments troublants, recueillis par des familles de victimes. Au fil du temps, elles ont acquis la conviction qu’un tir de missile accidentel de l’armée avait causé la chute de l’appareil. Une thèse à prendre « très au sérieux », avait confirmé l’ex-doyen des juges d’instruction niçois.
Ce magistrat avait demandé la levée du secret-défense. Tout comme les familles. Le 9 mars dernier, le chef de l’état ordonnait la déclassification d’une partie des archives nationales de plus de 50 ans. Son annonce visait la guerre d’algérie. Mais elle concernait aussi, par ricochet, l’affaire de la Caravelle. « Avez-vous une réponse à nous faire sur ces recherches ? », s’impatiente Mathieu Paoli.
Son souhait : « Que des photos soient prises de la carlingue de l’avion, située à 2 300 mètres de fond, comme les photos prises il y a quelques mois du sous-marin La Minerve ». Ce bâtiment de guerre a été retrouvé au large de Toulon, voilà précisément deux ans. « Il a disparu la même année que la Caravelle et se trouve à la même profondeur », remarque le porte-parole des victimes.
« La politique doit s’aligner sur la justice »
Une campagne sous-marine sera-t-elle menée au large d’antibes, cette fois-ci ? Cette possibilité serait «envisageable » et « son coût serait moindre », souligne Mathieu Paoli, sur la foi de ses échanges avec le directeur de cabinet du préfet des Alpes-maritimes. Un dossier à ce sujet aurait été envoyé à l’élysée.
« La politique doit maintenant s’aligner sur la justice » , assène Mathieu Paoli. Il évoque ses rencontres avec le procureur de la République de Nice, puis la juge d’instruction qui a repris l’enquête pour dissimulation de preuves. Il rappelle, aussi, la souffrance de familles en quête de transparence pour « enfin faire leur deuil ». Leur représentant invite Emmanuel Macron à assister aux cérémonies des 10 et 11 septembre prochains, à Nice et Ajaccio. Ce serait une première. Et la dernière occasion de son quinquennat. Surtout, Mathieu Paoli l’implore d’apporter « une réponse enfin favorable pour clore ce triste dossier ».