Anti-pass et antivax encore dans la rue
Le défilé a emprunté les rues du centre-ville sans incident. Au coeur du mouvement, la députée Martine Wonner, égérie de la galaxie covido-sceptique mais aussi des milieux complotistes.
La foule gronde, chante, clame des slogans sous un cagnard dantesque. Sixième samedi de mobilisation pour les anti-pass sanitaire et antivax. « Macron démission », « Liberté, liberté, liberté ! » Les mêmes slogans, les mêmes acteurs. « Je n’ai pas le Covid, mais j’ai la rage », clame une pancarte. La foule est dense, énorme, la mobilisation est au rendez-vous. Combien ? C’est la grande question qui agite le cortège et divise manifestants et forces de police. Jusqu’à 2 500 pour la préfecture des Alpes-maritimes, 15 400 selon le comptage des organisateurs, avec un système de gommettes. Le grand écart.
« Ce gouvernement et ce président maltraitent les Français »
À vue d’oeil, la mobilisation est pourtant à n’en pas douter largement au rendezvous. Le cortège s’étire sur toute la longueur de l’avenue Jean Médecin. Il s’était élancé vers 14 h 30. Sous les grands chênes verts de la place, une « VIP » avait d’abord pris la parole : la députée du Bas-rhin, Martine Wonner, médecin psychiatre, égérie de la galaxie covido-sceptique et des milieux complotistes. Haranguant la foule, la députée ceinte de l’écharpe tricolore se décrit comme une « simple citoyenne ».
« Ce gouvernement et ce président maltraitent les Français. Au nom de quoi nous devrions, vous devriez, accepter cette maltraitance ? »
« Pas besoin de vaccination »
Énumérant un certain nombre d’affirmations largement démenties par la communauté scientifique, et qui ont déjà valu un dépôt de plainte du collectif de médecins Fakemed auprès de l’ordre des médecins, elle indique que les Français « n’ont pas besoin de vaccination ».
Et de citer, pour prouver ses dires, des médecins (sans donner de noms) avec lesquels elle serait en contact dans d’autres pays, notamment en Israël. Selon elle, l’injection n’apporterait pas l’effet escompté, ce que démentent tous les chiffres des autorités de santé et les hospitalisations. Dans les Alpesmaritimes, neuf patients sur dix actuellement admis en réa pour Covid sont non vaccinés, selon Carole Ichai, chef du pôle réa-anesthésieurgences du CHU de Nice (nos éditions d’hier) . La foule, acquise à la cause de l’élue, applaudit pourtant. « Pass de la honte », « vaccin expérimental » : tout y passe et on sent la députée galvanisée, presque euphorique, de cette masse populaire qu’elle chauffe à blanc et qui l’acclame.
Martine Wonner ne nie pas la réalité de la pandémie, mais parle, sans masque, à une foule qui n’en porte pas non plus, sauf exceptions.
« Ils veulent les tuer pour s’enrichir »
La députée exhorte les parents à ne pas envoyer leurs enfants à l’école, en leur faisant l’école à la maison, « en faisant une déclaration auprès des autorités ».
Elle incite aussi à ne pas faire vacciner les enfants. Pourtant, en France, au cours de l’année écoulée (1), 1,2 % des 0-9 ans testés positifs ont été hospitalisés. Le nombre d’hospitalisations est aujourd’hui le double de celui de l’année dernière à la même date, celui des 10-19 ans, le quadruple. « Big pharma est là pour le pognon de toute façon, ils veulent les tuer pour s’enrichir », assure néanmoins une mère de famille, larmes aux yeux, en l’applaudissant.
Dans la foule massée sous les chênes, des blouses blanches, quelques pompiers, des familles avec des panneaux « Touche pas à mes enfants », des « gilets jaunes » de la première heure. C’est sur ces bases que la manifestation s’est élancée dans la chaleur estivale. Elle s’est séparée en fin d’après-midi sans heurts, sans incidents, avec la promesse de revenir samedi prochain.
Le Monde.