Nice-Matin (Cannes)

 ans après, des piedsnoirs renouent le lien

À leur retour d’algérie, ils se pensaient tous morts. Mais le hasard les a réunis à nouveau à Saint-raphaël. Où Isabelle et Francis Koinig ont retrouvé Francette Pennacino, une cousine.

- ANAÏS GRAND agrand@nicematin.fr

Àleur retour d’algérie, en 1962, ils se pensaient tous morts. Sinon, ils ne s’imaginaien­t même pas leur existence. Mais le hasard a bien fait les choses… En janvier 2021, Isabelle Koinig, qui réside dans le nord de la France, rejoint une communauté de pieds-noirs sur

Facebook. « Je suis née à Philippevi­lle, en Algérie, mais je suis partie à l’âge de 2 ans. J’ai très peu de souvenirs. Quand j’étais petite, je demandais à ma grandmère de me raconter la vie là-bas. Elle me montrait des photos et me présentait tout le monde. Puis, j’ai souhaité en savoir encore plus sur ma famille », justifie-t-elle.

Isabelle fait défiler les publicatio­ns sur son écran. Puis marque un temps d’arrêt sur une première photo. « J’ai

reconnu mon grand-père », lance-t-elle, preuve à l’appui.

« Je ne savais pas qu’elle était née »

Elle laisse un premier commentair­e, se présente comme la petite-fille. Et poursuit son visionnage. Jusqu’à s’arrêter, surprise, sur un second cliché.

Cette fois, celui de l’ancienne menuiserie de son grand-oncle. Elle laisse à nouveau une trace de son passage, sans grand espoir. « Je me suis toujours dit qu’ils étaient tous décédés, comme âgés. »

Mais quelques heures plus tard, Isabelle Koinig reçoit une réponse d’un internaute sous la première photo : « Tu es la fille de Francis ? »

À l’autre bout de la France, dans sa maison à Saint-raphaël, Francette Pennacino s’interroge. Qui est cette Isabelle ?

Une conversati­on privée s’engage entre les deux femmes… qui s’avèrent être cousines ! « Je ne savais pas qu’isabelle était née », répète Francette Pennacino à Isabelle. Comme pour s’excuser du temps qui s’est écoulé.

Francette est rapatriée en France à 21 ans, lorsque sa cousine en a seulement deux. « Mais son père, je ne l’ai plus vu ni ne lui ai parlé depuis mes huit ans, en 1949. Ça fait donc… 72 ans ! Francis, c’est mon parrain. Et sa soeur, c’est ma mère », détaille-t-elle, encore émue.

Désormais inséparabl­es

Les deux femmes ne se sont jamais vues. Enfin… Jusqu’au 28 juin dernier. « Il était évident qu’il fallait que l’on se

rencontre », lâchent-elles, en coeur, main dans la main.

Jean-louis Pennacino, totalement externe à cette histoire, se charge de l’organisati­on. Avec Francette, sa femme, ils prendront le train en direction de Lille pour rejoindre Isabelle et Francis Koinig pour neuf jours. « On doutait un peu, mais le courant est tout de suite passé. C’est comme si on s’était toujours connu », sourit Isabelle. Après ces retrouvail­les, les cousines ne parviennen­t plus à se séparer. Elles décident alors de se revoir. Cette fois, à Saint-raphaël, jusqu’au 25 août.

« Ce qui est extraordin­aire, c’est qu’avec papa, nous sommes déjà passés devant la maison », s’amuse Isabelle Koinig. Cela fait déjà quatre ans qu’elle vient en vacances avec son père, Francis, âgé de 91 ans, dans la cité de l’archange. « Nous allions aux rassemblem­ents des pieds-noirs au Dramont. »

Mais ils ne reconnaiss­aient jamais personne de leur famille.

À la découverte des tombes familiales

Car Francette et Jean-louis n’ont jamais pu y assister. Ils travaillai­ent. « Pour autant, il est possible que l’on se soit déjà croisé sans le savoir ici ! Jeanlouis partait tous les matins au tabac acheter le journal… Au même moment et au même endroit qu’isabelle », s’émerveille Francette.

Désormais, les retrouvail­les ont attisé la curiosité des deux cousines.

À tel point qu’elles souhaitent retourner en Algérie, à la découverte des tombes familiales.

Mais seulement une fois les fêtes de Noël passées ensemble. « Je ne savais pas que j’avais des cousins et cousines. Grâce à Francette, j’en découvre plein. On va pouvoir faire des cousinades ! », Isabelle Koinig sourit.

Les yeux de sa cousine, complice, brillent.

Comme si rien ne s’était jamais passé. Et que 61 ans pour Isabelle, 72 pour Francis, ne se sont jamais écoulés.

 ?? (Photo Frank Muller) ?? Grâce à son mari Jean-luc, Francette Pennacino a retrouvé son parrain Francis Koinig, et sa cousine Isabelle,  ans, après avoir perdu contact en Algérie.
(Photo Frank Muller) Grâce à son mari Jean-luc, Francette Pennacino a retrouvé son parrain Francis Koinig, et sa cousine Isabelle,  ans, après avoir perdu contact en Algérie.

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