Nice-Matin (Cannes)

D’anciens employés afghans de la coopératio­n française se disent « oubliés »

-

Un « appel au secours » a été lancé cette semaine depuis l’afghanista­n par une dizaine d’anciens employés de la coopératio­n française ayant travaillé plusieurs années sur des projets de l’ambassade de France mais qui disent avoir vu leurs demandes de visa refusées et vivent terrés chez eux face aux possibles représaill­es des talibans. Une page Facebook intitulée « Les oubliés de Kaboul » a été créée mercredi par plusieurs de leurs anciens collègues.

Ces anciens employés ont lancé un appel de détresse dans une vidéo et une photo postées en Une de la page

Facebook, où l’on peut voir leurs enfants portant des affichette­s indiquant « Monsieur Emmanuel Macron, nous étions vos collègues, nos droits sont perdus par l’ambassade, nous sommes en danger ». Leurs pères se cachent le visage avec des photocopie­s de « leurs contrats de travail et leurs cartes de services de l’ambassade », ont-ils précisé. Tous ont travaillé entre quatre et 13 ans pour des projets français, comme chauffeurs, informatic­ien, enseignant. Parmi eux certains sont issus de la minorité hazara, persécutée par les talibans.

« C’était très dangereux de sortir dans Kaboul pour se réunir et faire ces photos et vidéo », témoigne dans un bon français l’un de ses ex-employés, 47 ans, un enseignant qui a travaillé au sein de l’ambassade de 2011 à 2015.

Fin de non-recevoir

Au printemps, craignant l’avancée menaçante des talibans, ces ex-employés ont contacté l’ambassade de France pour solliciter des visas pour fuir de possibles représaill­es, mais disent avoir reçu une fin de non-recevoir, car n’ayant pas travaillé pour l’ambassade « en 2018 et après ».

Ehsan, qui a travaillé comme informatic­ien et professeur d’informatiq­ue au sein de deux lycées de 2003 à 2016, explique avoir envoyé 14 mails à l’ambassade depuis le printemps. «Onadescont­rats, des attestatio­ns, des recommanda­tions... mais personne ne nous écoute. Ma famille et moi on a peur, on ne dort plus », confie ce père de cinq enfants. « Que ce soit avant ou après 2018, pour nous c’est pareil... on a travaillé avec des étrangers » aux yeux des talibans, lâche-t-il. « J’ai passé 13 ans de ma jeunesse avec l’ambassade de France ; peut-être que si j’avais travaillé pour un autre pays européen, j’aurai pu quitter Kaboul aujourd’hui ».

Newspapers in French

Newspapers from France