Nice-Matin (Cannes)

L’oeil de son coach

- FRANÇOIS PATURLE 2019 – Championna­t du Monde Londres : 4e place – 100m dos S10 / 6e place – 100m papillon S10 / 6e place – 400m nage libre S10 Champion de France du 100 m papillon. CAT : S10 Florent Marais est atteint d’une agénésie de la jambe droite,

Désormais, les projecteur­s vont se braquer sur eux. Dans la foulée des JO, les Jeux Paralympiq­ues de Tokyo vont apporter leur tourbillon d’émotions, du 24 août au 5 septembre, dans la capitale japonaise. 133 délégation­s, dont les 61 athlètes sélectionn­és de l’équipe de France vont en découdre sur fond d’olympe. Parmi eux, Florent Marais, le nageur d’antibes, est décidé à jouer sa carte à fond. Il n’a que 21 ans, mais son mental et la qualité de sa nage en fond l’une des chances de médailles pour nos Bleus de Tokyo. La parole à Florent.

Florent, quelles conditions as-tu trouvé en arrivant au Japon ?

Tout est parfait. Nous avons l’hôtel réservé pour les athlètes, la piscine réservée aussi, l’accès au bassin de  m à l’heure que nous souhaitons, la salle de muscu. Et je vais bientôt intégrer le village olympique. J’ai hâte de vivre ce moment, au milieu des sportifs du monde entier. Au niveau de l’émulation, je pense que ça va être incroyable.

Quand as-tu appris ta qualificat­ion pour les Jeux Paralympiq­ues ?

C’était au début du mois de juin. Un après-midi, j’étais à l’entraîneme­nt à la piscine d’antibes. Une séance très dure, horrible, j’étais un peu dégoûté, et là on vient m’annoncer la nouvelle : ‘‘C’est bon, tu es sélectionn­é, tu peux te préparer’’ (Florent a réalisé les minima aux championna­ts d’europe à Madère mais il était dans l’attente de la validation par le Comité paralympiq­ue français). D’un coup, il y a tout qui s’éclaire ! Ce sentiment génial que le boulot a payé. Faire les Jeux, cela me tenait vraiment à coeur.

Tes objectifs ?

J’aimerais bien repartir avec une médaille. Je vais tout donner pour ça. Malgré la Covid, on a réalisé une super année de travail avec mon entraîneur, mon entourage. Après, je sais aussi que je vais prendre de l’expérience en vue de Paris-.

Raconte-nous un peu ton histoire. Comment es-tu venu à la natation au départ, était-ce le fait de te sentir plus à l’aise dans l’eau ?

Oui, c’était ça. L’eau était un élément où je pouvais me mouvoir facilement.

Il y a aussi le fait que les jeunes, en maillot, ont souvent des complexes. Moi, quand j’étais petit, c’était l’inverse. J’avais moins de complexes à la piscine. Je voyais les autres un peu gênés par leur corps et ça me rappelait quelque chose. Au contraire, aller nager, ça me libérait. Mais au début, je suis venu un peu à la natation par hasard.

Une part de hasard ?

A l’âge de  ans, j’ai dû subir une opération à la jambe. On m’a sectionné la jambe, on m’a posé une broche en laissant un écart de  cm entre les deux os afin que l’os se reconstrui­re. J’en ai eu pour un an de rééducatio­n tout de même, et donc de nombreuses séances en bassin.

« Loin dans l’effort »

Aans,cesontdes moments difficiles...

Oui. Mais cela s’est bien passé. L’opération a été un succès. Je devais gagner  cm, j’en ai gagné , et derrière j’ai pu bien remarcher, refaire du sport en général.

Le sport, c’est une passion ancrée chez toi ?

Totalement. Je dois avoir toutes les chaînes de sport à la maison. J’aime le foot, le basket, j’aime aller surfer à Cannes quand la vague est là... Tous les sports m’intéressen­t en vérité. Oui, passionné, c’est le mot !

Et tu as choisi de devenir un sportif de haut niveau. Explique-nous le degré d’effort que cela demande... paralympiq­ue, le niveau n’a eu de cesse de grimper. Pour être dans la course au podium, c’est dur. On est obligé d’aller loin dans l’effort, quitte à vomir parfois à l’’entraîneme­nt. En fait, aujourd’hui, il y a le sport de haut niveau et le sport de très haut niveau. il y a un cap à passer. Soit tu peux, soit tu ne peux pas.

Comment as-tu développé ta nage en fonction de ton handicap ?

Tout est une question d’équilibre au niveau du haut du corps. Je dois nager de façon à ce que le bassin reste dans l’axe. Le but, c’est que mon corps tourne le moins possible, afin que ma jambe reste bien dans l’axe.

J’en parlais justement à un ami très récemment. Il me demandait si, du coup, je ne serais pas moins motivé... Franchemen­t, ce n’est pas du tout le cas. Entre nous, je ne suis pas à Tokyo pour regarder les tribunes. Se qualifier, c’était déjà incroyable. Je vais juste essayer d’aller le plus vite possible dans l’eau dans la plus grande des compétitio­ns. Cela suffit amplement à mobiliser toute mon énergie.

Il y a trois ans, tu choisissai­s de venir t’installer et t’entraîner à Antibes. Tu ne le regrettes pas aujourd’hui ?

Pas du tout. Depuis les nouveaux bassins, les infrastruc­tures sont au top. Deux bassins, la zone de récup, les caméras sous l’eau pour travailler... J’ai aussi la chance d’avoir le préparateu­r physique du Creps d’antibes, Christophe Keller. Au début, je logeais au Creps, désormais j’ai pris mon appart, ça aussi c’est un vrai plus. Entre la Normandie et Antibes, question qualité de vie, il y a plus mal loti !

Régis Gautier,  ans, l’entraîneur d’elodie Lorandi à Antibes depuis  (Jeux de Londres et de Rio), a pris en main les destinées de Florent Marais depuis . « Les premiers Jeux vont apporter de l’expérience, de la maturité à Florent.

Depuis qu’il est arrivé à Antibes, Florent a beaucoup gagné en puissance musculaire. Au niveau mental, les athlètes handisport­s ont une force un peu plus importante que les autres. Florent a en lui cette envie de se dépasser, il mérite vraiment d’aller aux Jeux et de réussir de très belles performanc­es. Dans sa catégorie, deux nageurs

Comme pour les JO, les paralympiq­ues vont se dérouler à huis clos. Comment tu l’appréhende­s ?

Né le 8 juillet 2000 à Granville (50)

Club : Handisport Antibes Méditerran­ée. Statut de sportif de haut niveau. Originaire de Granville (Normandie), il a intégré l’équipe de France en 2014, où il côtoie ses idoles, notamment l’antiboise multiple médaillée olympique Elodie Lorandi avec qui il tisse des liens d’amitié très forts.

Palmarès :

Handicap : ukrainiens paraissent difficiles à atteindre, avec un handicap moins impactant. Après, il y a un gros paquet de très bons nageurs qui se tiennent ».

« Une semaine classique pour Florent ? C’est  heures d’entraîneme­nt. Énormément d’investisse­ment ». Régis Gautier n’a pas pu effectuer le déplacemen­t à Tokyo, du fait de la politique fédérale, les entraîneur­s nationaux prenant le relais sur place. Le fil whats’app n’en sera pas moins actif entre le coach et son protégé.

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(Photos Grégory Picout) A Tokyo, Florent Marais va viser l’exploit, avec quatre courses à son programme.
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Dans le monde du
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