« Le respect du maillot »
Daniel Goethals, l’entraîneur belge, pose les jalons de la saison du rachat pour Antibes.
Àl’azur Arena, Daniel Goethals a fait installer une imprimante mais aussi un frigo dans le bureau des coachs. Il valait mieux : pour l’entraîneur belge, bourreau de travail, qui arrive tous les matins à 8 heures à la salle, un véritable lieu de vie était plus adapté à la fonction. Marqué, à l’image de tout un club, par la 17e place de la saison passée (il était arrivé fin février), ‘’Big Dan’’ évoque ses méthodes et les objectifs pour l’exercice à venir. Or, l’ancien pivot des Diables rouges parle rarement pour ne rien dire.
Coach, on vous sent investi à % dans cette avant-saison...
Pour présenter mon équipe aux partenaires, dans les jours prochains, j’utiliserai le mot historique. Antibes est un club historique et l’on doit tenir compte du fait que nous sommes des privilégiés. C’est une chance inouïe de faire de sa passion un métier, il ne faut jamais l’oublier. Nous travaillons dans des infrastructures de qualité. J’ai envie de ressentir cet enthousiasme autour de moi, l’heure n’est pas à compter son temps et j’ai un staff au diapason. Je ne peux pas non plus demander à mes joueurs de s’investir à fond si je ne montre pas l’exemple. On peut me trouver des défauts, mais je pense avoir une approche éthique de mon métier.
« Monclar doit amener son leadership »
Comment avez-vous construit votre équipe ?
La saison passée a été très éprouvante, il a fallu bricoler. Ce n’était pas l’équipe que j’avais construite. L’objectif de cette saison était d’abord de bâtir une équipe athlétique, adaptée à la Pro B. ,,,,, tous les postes seront doublés, avec des joueurs polyvalents. J’apprécie la dimension athlétique et le QI basket de mon équipe. J’ai des gars qui lisent le jeu, qui réagissent, qui s’adaptent. Des garçons comme Negrobar, Monclar, Pitard ont dans les bagages plusieurs saisons de Pro B. Des jeunes joueurs comme Pansa, Amsellem, Hernandez, Yussuf seront mieux entourés. Nous pouvons gagner en scoring tout en élevant l’intensité défensive et collective. Nous avons trois étrangers, il nous restera une cartouche pour nous adapter au cas où. Une saison, c’est toujours compliqué. Mais je suis satisfait de mon noyau.
Benjamin Monclar peut-il être ce leader attendu sur le parquet ? On le voit déjà beaucoup échanger avec ses équipiers à l’entraînement…
La venue de Benjamin, c’est une volonté commune. Un mariage naturel, quelque part. Je voulais un joueur français ayant l’expérience de la division et des points dans les mains (capable de scorer, ndlr). Lui avait laissé transparaître son envie de retrouver le club de son enfance, après avoir beaucoup donné à Blois. Tout le monde connaît son papa, et il se trouve que j’ai une relation d’amitié avec Jacques (ils ont travaillé ensemble à Canal +). Peut-être le paternel a-t-il glissé un mot à son fils (sourire). Je sens chez Ben beaucoup de passion, beaucoup d’envie. Et bien sûr qu’il doit faire partie de nos leaders. Je me souviens de certains de mes entraîneurs, j’avais ans, sélections en équipe de Belgique, et je n’avais pas le droit de donner mon avis aux entraînements. Ça, c’est un aveu de faiblesse. Nous serons dans la recherche de performance permanente. Pour avancer. Tous les joueurs ont passé un entretien individuel avec moi.
Les rôles ont été définis.
Et pour Monclar, ça donne quoi, justement ?
Leadership et expérience mis au service du collectif, mentalité parfaite à chaque entraînement, pousser les jeunes à l’apprentissage du métier. Voilà.
« Les objectifs ? Je ne vais pas me cacher »
Vos deux Américains, Nottage et Dirksen, viennent du championnat suisse. Entendezvous la petite musique au sujet du niveau de cette Ligue ?
J’entends les critiques, mais il y a de très bons joueurs qui passent par la Suisse. Regardez ce qu’axel (Louissaint) nous a apporté la saison passée avant sa blessure au tendon d’achille. Il y a la qualité du joueur et aussi son état d’esprit. Eric et Tim, c’est plus que ‘’I like basketball » (j’aime le basket), c’est ‘’I love basketball’’ (l’amour du jeu). Ils auront des choses à montrer dans un championnat plus exposé. C’est très bien. Il faut toujours avoir envie de prouver.
Vous connaissez la traditionnelle question sur les objectifs. Antibes est-il dans l’idée de jouer la remontée ?
Il faut regarder vers le haut. À chaque jour suffit à sa peine. Cette Ligue est difficile et impose du respect. Le président l’a dit, il faut apprendre du passé, remonter dans l’élite et trouver les moyens d’y rester. Je ne vais pas me cacher, j’assume mes responsabilités. Si dans dix mois nous montons en Pro A, oui, je serai heureux. Si dans dix mois nous ne montons pas, oui, je serai malheureux. Je suis satisfait de ce que j’ai recruté. Maintenant, c’est travail, abnégation, respect du maillot.
« Ça me file des boutons »
La saison dernière, à l’issue de la dernière journée perdue à la maison contre Rouen, le public vous avez senti touché lors de votre prise de parole au micro...
(Un silence). Je vous l’ai dit, je donne tout dans mon métier. Ce soir-là, après la période difficile de la Covid, la tristesse des huis clos, le public était de retour. J’ai vu les gens dans les gradins, des parents avec leurs enfants. J’ai senti une confiance qui était en train de se réinstaller. Or, j’ai eu l’impression, ce soir-là, que dans mon équipe certains n’avaient pas tout donné pour leur coach et leurs équipiers. Effectivement, j’ai été touché (ému). On n’avait pas d’excuses. À l’issue de cette soirée, j’ai dit à mon président que je ne pourrai pas repartir avec certains. Sinon, ce serait sans moi. Maintenant, la page est tournée. A nous d’en écrire une très différente. A dire vrai, la suffisance n’est pas dans mon dictionnaire. Ça me file des gourmes (des boutons, en Belge).