août , la libération
Les Alliés ont d’abord libéré Grasse puis, dans l’après-midi et la soirée, sont arrivés dans les centres de Cannes et d’antibes. Une belle journée qui sera célébrée demain dans vos rues.
Imaginer cette fameuse journée du 24 août, celle qui a libéré nos villes du joug allemand, qui a signé le retour à la paix, au bonheur. Les défilés de jeeps et de soldats américains vont nous y aider demain. Les témoignages aussi, même s’il n’en reste plus beaucoup… Corinne Bottoni, correspondante du pays grassois pour Nice-matin, conférencière et historienne, nous déroule cette fameuse journée en partant du haut pays de Grasse.
Les Alliés sont donc arrivés le 15 août en Provence, pour progresser jour après jour vers Grasse, Cannes et Antibes. « C’’est la femeuse opération Dragoon avec à sa tête le maréchal Delattre de Tassigny », explique Corine Bottoni. Les troupes ont d’abord progressé par le haut-pays grassois : le 23 elles passaient à Saint-cézaire, Cabris, le Tignet, Peymeinade. Le soir, elles sont entrées dans Grasse. « Elles se sont directement orientées vers les Bois Murés. Tout simplement parce que c’est là que se trouvait le dépôt de munitions allemand. Dépôt qu’elles ont détruit bien sûr, d’autant que les Allemands avaient pris la fuite. » Le lendemain, elles ont rejoint l’hôpital, le boulevard Victor Hugo, le Cours et le Jeu de Ballon. « Partout, elles étaient accueillies par une foule en liesse. Les jeunes notamment, allaient au devant les militaires pour les guider. Raymond Rolland, qui s’occupait d’un garage à Gambetta et a disparu depuis, racontait comment les gamins étaient fiers de mâchouiller le chewinggum qu’on leur offrait. Ils faisaient les Américains… »
À Cannes, le drame de Montfleury
Les troupes se sont ensuite dirigées vers le littoral. Une partie vers Cannes, une autre vers Antibes. À Cannes elles sont arrivées devant l’hôtel de ville, là aussi accueillies avec ferveur. « Sachant que la libération de Cannes a aussi quelque chose de douloureux dans cette ville, avec le drame de Montfleury. Cet hôtel qui servait de kommandantur aux Allemands enfermait une dizaine de prisonniers. Ces derniers espéraient être libérés. Mais il n’en fut rien : Hélène Vagliano, magnifique résistante, a été exécutée d’une balle dans la tête. Les neuf autres prisonniers ont ensuite été tués. »
Corinne Bottoni insiste : «Laconfrontation alliés et locaux n’a pas été simple, il y a eu des affrontements et des morts… »
À Antibes, direction la Brague
Annoncées à partir de 18 heures, les troupes ont mis le pied sur Antibes vers 19 heures. « De rue en (DR) rue elles étaient là aussi accueillies par une population qui laissait exploser sa joie. Les parachutistes sont arrivés les premiers : une cinquantaine d’hommes et des chars de combat. Ils ont pris position à la Brague, pour pouvoir bien mettre la ville en sécurité. Et ont créé un PC dans ce qui est aujourd’hui un restaurant : la Casa d’italia… »
Des imprudences… Des drames
La nuit suivante a été plutôt calme. « Sauf qu’il y a eu pas mal d’imprudences : certes, les Allemands étaient pour la plupart partis. Mais beaucoup d’habitants, des jeunes notamment, se sont mis en tête de manipuler des explosifs et il y a eu des drames… À Antibes, neuf personnes auraient ainsi perdu la vie. » Une belle journée certes, pleine d’émotion, d’allégresse même, mais une journée de deuil également, donc…