Malgré la Covid, l’exécutif veut une rentrée offensive
Si la gestion de la crise sanitaire reste leur priorité, Emmanuel Macron et le gouvernement veulent une rentrée « d’actions et de résultats », à quelques mois de la présidentielle.
Après trois semaines de repos relatif, le chef de l’état retrouve aujourd’hui l’élysée, à deux jours du Conseil des ministres de rentrée.
Sans illusion sur un retour à la normale car, comme il l’a averti le 11 août, « la crise sanitaire n’est pas derrière nous et, très clairement, nous allons vivre pendant encore plusieurs mois avec le virus ».
Dans ce contexte, pas question de subir comme il y a un an. L’exécutif, surpris par l’ampleur de la deuxième vague, avait alors été contraint d’imposer de nouvelles restrictions et de remiser ses espoirs de relance économique. Cette année, il compte sur la vaccination, présentée comme « la seule issue possible », et le pass sanitaire pour « maintenir le pays ouvert tout en protégeant au maximum l’hôpital », résume Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement.
« Vigilant » face aux manifestations
À court terme, l’objectif, «ambitieux », est d’atteindre 50 millions de primo-vaccinés au 31 août, ce qui représenterait « une étape décisive » puisque « il y a 58 millions de personnes vaccinables en France », selon lui. Parallèlement, il s’agit de poursuivre la mise en application du pass sanitaire, «quise passe très bien dans l’immense majorité des cas », selon un conseiller du président. Mais le gouvernement « doit être vigilant » face aux antipass qui manifestent tous les samedis, avertit le politologue Pascal Perrineau, professeur à Sciences Po. « La grogne est là mais elle est éclatée. Peut-elle devenir homogène ? C’est le défi pour les manifestants et le risque pour le gouvernement », souligne-t-il.
« Consolider » la reprise
Conscient de cette menace, Emmanuel Macron a décidé le 12 août de suspendre l’instauration controversée d’un contrôle technique pour les deuxroues à partir de 2023 car «il ne faut pas, à un moment où nos concitoyens ont déjà beaucoup de contraintes, leur en rajouter ».
Dans le même esprit, de nombreux responsables de la majorité espèrent que le chef de l’état ne relancera pas le chantier de la réforme des retraites, à l’arrêt depuis le début de la crise sanitaire.
Syndicats et patronat seront reçus à Matignon les 1er et 2 septembre pour «un tour complet » des sujets sociaux de la rentrée, selon des sources syndicales.
Dans l’immédiat, le gouvernement cherche à « consolider » la reprise en s’appuyant sur les bons chiffres de la croissance - avec un objectif de 6 % cette année - et du chômage qui, avec un taux de 8 %, est légèrement en dessous de son niveau de fin 2019 avant la crise sanitaire.
Alors que le plan de relance de 100 milliards d’euros est en cours d’application, le ministre de l’économie Bruno Le Maire planche sur le lancement d’un nouveau plan d’investissement.
Une autre priorité sera la mise en oeuvre de la réforme controversée de l’assurance chômage le 1er octobre.
À huit mois de la présidentielle d’avril, Emmanuel Macron n’entend pas être placé sur la défensive sur le régalien, notamment la sécurité et l’immigration, le principal angle d’attaque de la droite et du Rassemblement national.
Focalisées sur la présidentielle
« Comme le montre la polémique sur l’accueil des réfugiés afghans, il est sûr que les oppositions vont chercher tous les moyens pour nous porter des coups sur ces questions. Il faudra que le gouvernement soit très réactif », avertit un conseiller de l’exécutif.
La droite comme la gauche seront focalisées sur la présidentielle dans le contexte peu porteur de la crise sanitaire, plusieurs partis ou candidats tenant leurs réunions de rentrée le week-end prochain. Pour Emmanuel Macron, la semaine de rentrée s’annonce aussi dense sur le plan international avec une probable réunion du G7 sur la crise afghane, et des déplacements jeudi en Irlande et le weekend prochain en Irak.