DES RAISONS D’ESPÉRER
En panne de confiance et plombés par trois revers consécutifs, les Monégasques attendent un déclic, demain face au Shakhtar Donetsk (h), lors du barrage retour de la Ligue des champions. Les Ukrainiens ont des failles, à L’ASM de s’y engouffrer.
Quand le vent souffle de face et que rien ne tourne dans le bon sens, deux chemins s’offrent à vous : baisser la tête et s’apitoyer sur votre sort ; relever vos manches et créer les conditions d’un avenir radieux. Monaco déboule à ce carrefour. A l’orée du match brûlant qui l’attend demain à Kharkiv (21h), contre le Shakhtar, sa colonie de Brésiliens et son expérience XXL des joutes continentales, L’ASM ne peut pas se tromper de route et se doit une revanche.
Un exploit et une qualification pour la phase de groupes de la C1 offriraient une bouffée d’oxygène à Niko Kovac et sa troupe, qui restent sur trois revers de rang et une entame de championnat famélique (1 point pris sur 9 possibles). En écartant Donetsk et en rattrapant le but de retard de l’aller, l’objectif n°1 de l’été serait alors rempli et atténuerait les tracas accumulés en Ligue 1.
Samedi contre Lens (0-2), le technicien croate a tapé du poing sur la table. Il n’a pas du tout goûté l’attitude de son équipe. Il a déploré sa suffisance et une envie timide. Il attend davantage d’impact dans les duels, des courses, de l’agressivité et de la présence devant le but adverse. Sans ces ingrédients, Monaco finira en Ligue Europa et laissera filer son «rêve» , d’après le mot employé par Kovac ces dernières semaines. S’ils parviennent à retrouver le sel de la saison dernière, avec du mouvement, des intentions, du réalisme et leur capacité à étouffer l’adversaire, les Rouge et Blanc peuvent inverser la tendance. C’est seulement en présence de cet état d’esprit qu’il y aura du sens à se pencher sur la tactique. Car, aussi costaud soitil, le Shakhtar a des failles.
Bien utiliser la largeur
Si Roberto De Zerbi est salué pour son 4-2-3-1 compact à souhait, dans lequel il empile les techniciens dans le coeur du jeu, la gestion de la largeur peut laisser à désirer. Cette saison, le club du Donbass a encaissé cinq buts. Ils sont tous venus d’une bonne utilisation des côtés et de centres. Les partenaires de Matviyenko n’aiment pas courir vers leur but et demeurent friables quand ils doivent le faire. En se repliant au plus vite près de leurs six mètres, ils laissent des espaces au second poteau et en retrait. Des zones que L’ASM devra cibler.
A l’aller, Tchouaméni, Boadu ou Golovin avaient également trouvé de bonnes positions de frappe longue distance. Poursuivre dans cette voie et régler la mire ne sera pas de trop. Avec une défense qui tarde parfois à sortir sur le porteur de balle, ces situations pourraient être, à nouveau, source de danger.
Exploiter les phases arrêtées
Comme le fait L’ASM, Donetsk défend en zone sur les coups de pied arrêtés. Et, pour l’heure, tout n’est pas encore huilé au sein d’un groupe qui découvre encore son nouvel entraîneur. Mardi dernier, Benoît Badiashile avait failli égaliser, sur un corner frappé par Golovin au second poteau. Face à Genk au tour précédent, c’est l’attaquant nigérian Paul Onuachu qui plaçait une tête sur la transversale. L’arrière-garde menée par l’ancien Niçois Marlon semble parfois manquer de mobilité. Face à des joueurs qui arrivent lancés, elle pourrait le payer cash. Sous Kovac, Monaco a beaucoup marqué sur phases statiques la saison passée. La machine s’est grippée depuis la reprise, mais il est toujours temps de la réparer.
Coordonner le pressing
Le Shakhtar aime aspirer l’adversaire et miser sur la technique de ses Brésiliens pour remonter le cuir. Reste qu’il prend d’énormes risques dans la relance. Si L’ASM quadrille parfaitement le terrain et coordonne le pressing comme il se doit, elle aura des ballons à récupérer tout près du but de Trubin, portier impérial à l’aller.
Les Monégasques n’étaient pas passés loin de contrecarrer les plans adverses par séquences
au Louis-ii, mais ils avaient commis des fautes inutiles sur des joueurs dos au but et en difficulté. A eux de se montrer plus patients à la récupération. A défaut, le bloc ukrainien pourra remonter d’un ou plusieurs crans sans se casser la tête.
Sous la pression, et même si cela reste la dernière option prisée par De Zerbi, les défenseurs ukrainiens peuvent également allonger sur Lacina Traoré. Dans ce cas, Maripan, Disasi ou Badiashile devront gagner leurs duels aériens face au Burkinabé et leurs milieux veiller à gratter les deuxièmes ballons.
En restant à l’affût sur ces phases clairement identifiées, Tchouaméni, Fofana ou Jean Lucas auront l’opportunité de lancer le jeu et de surprendre une défense légèrement désorganisée. La marge de manoeuvre ne sera pas grande, mais L’ASM devra se montrer précise et clinique à la finition pour remporter cette « finale », selon le terme employé à La Turbie. Kovac a haussé le ton après la réception de Lens, Monaco s’avance en ballottage défavorable, mais tout un club veut croire à l’exploit et lancer sa saison.