Nice-Matin (Cannes)

Un ancien champion auto au tribunal

Jean-louis Schlesser, ancien vainqueur du Paris-dakar, comparaiss­ait hier à Nice pour violence avec arme. Il a été relaxé mais condamné à six mois avec sursis pour détention d’armes.

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Les histoires de tromperies peuvent prêter à sourire au théâtre. Elles mettent mal à l’aise quand elles sont au coeur d’un procès pénal. Élégant costume bleu, Jean-louis Schlesser, ancien vainqueur du Parisdakar, se présente à la barre du tribunal correction­nel. À 73 ans, l’ancien champion, qui réside à Mandelieu, porte beau.

Le parquet lui reproche un dérapage incontrôlé sur fond de vaudeville. Le 27 mai, il s’est présenté casqué dans un restaurant de spécialité­s caucasienn­es avenue du parc Robiony à Nice pour remettre une enveloppe à Ayna, la gérante. Cette femme, absente du procès, explique sur procès-verbal que l’inconnu n’a pas dit un mot, ouvrant son blouson pour montrer qu’il était porteur d’une arme dans un étui. Un acte d’intimidati­on, selon elle, qui l’a poussée à déposer plainte deux jours plus tard.

L’as du rallye-raid, une fois identifié par les policiers de la Sûreté départemen­tale, a subi deux jours de garde à vue et autant de détention provisoire. Lors d’une perquisiti­on, les enquêteurs ont trouvé trois armes de gros calibres à son domicile et des munitions.

« Je voulais qu’il cesse de nous importuner »

Excédé que Sultan, le mari d’ayna, poursuive de ses assiduités sa jeune épouse, Jean-louis Schlesser a décidé de semer à son tour la zizanie dans le couple adverse en déposant une enveloppe pleine de messages explicites. « Ma femme m’a avoué une relation toxique dont elle n’arrivait pas à se défaire », se justifie le prévenu. «Jevoulais qu’il cesse de nous importuner. » Voilà résumée à grand trait une affaire qui occupera trois heures le tribunal. On apprend au passage que Mme Schlesser, qui a entretenu une liaison passionnée avec Sultan, a fini par déposer une plainte pour viol. Plainte classée sans suite par le parquet en janvier. Jean-louis Schlesser, s’il reconnaît avoir déposé l’enveloppe, nie, catégoriqu­ement avoir exhibé une arme et s’être montré menaçant. « Quel intérêt aurait cette femme de dire que vous étiez armé ? » s’interroge le président Levrault. « Pour que la police prenne sa plainte au sérieux », répond le prévenu qui, à la barre, arbore un étui de téléphone en cuir semblable à un holster. Quant aux armes qu’il possédait, « elles ont entre 30 et 40 ans », précise-t-il.

« Il s’est trompé de cible »

Me Jean-françois Fouqué, conseil de la partie civile, estime que sa cliente, a subi un traumatism­e : « Aveuglé par son amour, il s’est trompé de cible. » Il réclame 10 000 euros de dommages et intérêts.

La procureure, Meggie Choutia, évoque « un comporteme­nt de voyou qui trouve normal d’aller acheter des munitions à l’ariane » . La magistrate requiert un an de prison avec sursis. « Dites qu’il a perdu la tête, qu’il a fait une bêtise mais pas que c’est un voyou », conjure Me Philippe-bernard Flamant, l’avocat du prévenu qui plaide la relaxe pour les faits de violence avec arme.

Une fois n’est pas coutume, avocats de la partie et de la défense se rejoignent sur un point. Tous deux estiment que « les vrais accusés sont ailleurs ». « Vous ne pouvez faire fi de la souffrance d’un être humain », poursuit Me Flamant à l’adresse du tribunal. « Certes il a fait l’imbécile. Lui qui n’était que maîtrise au volant de ses bolides, a dérapé. Soyez persuadés qu’à son âge, on a qu’un souci, celui de sa tranquilli­té. »

Le tribunal a relaxé hier soir Jean-louis Schlesser du délit de « violence avec arme » .Il l’a en revanche condamné à six mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende pour détention d’armes. Une décision vécue comme un soulagemen­t par l’ancien champion automobile.

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(Photo Ch. P.) À la sortie du tribunal correction­nel, Jean-louis Schlesser et son avocat Me Flamant, soulagés d’avoir obtenu une relaxe partielle.

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