Nice-Matin (Cannes)

Plages-restos : des touristes impayables

En été, quand on accueille des touristes, on finit toujours par avoir de bonnes histoires à raconter. Bien que marquée par la pandémie et le pass sanitaire, cette saison tient son rang.

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Sur les plages privées comme au coeur du vieil Antibes, les vacanciers ont investi les transats ou les terrasses. Malgré l’introducti­on du Pass sanitaire depuis quelques jours, avec pour conséquenc­e une légère baisse de la fréquentat­ion, de nombreux touristes qui fréquenten­t ces établissem­ents demeurent égaux à euxmêmes. Avec leur lot de demandes plus loufoques les unes que les autres. Florilège.

Une bouée pour la vodka

Ce jour-là, plutôt pluvieux, à l’abri du bar de la plage L’effet Mer, l’équipe de serveurs et barmen profite d’un moment d’accalmie au service pour se remémorer les anecdotes les plus cocasses des derniers jours de juillet. « Des touristes pensaient avoir vu un requin, lance un serveur. Finalement, ils se sont vite rendu compte que c’était qu’un dauphin. » Ici, les poissons les plus dangereux ne sont pas forcément les plus gros. Depuis quelques années, le « poisson mordeur » hante le littoral… Et les esprits des touristes. « En fait ce sont des balistes. Souvent ils attaquent les baigneurs », explique Jonathan, le barman, une pointe d’inquiétude dans la voix. « Une femme s’est même fait mordre la fesse », ajoute un de ses collègues. À l’hélios, un autre restaurant de plage, l’équipe déjeune avant le début du service. Entre deux assiettes, chacun évoque une situation marquante. Un jeune employé se souvient notamment d’un client un peu particulie­r. « Il est venu, un matin, équipé d’une bouée gonflable qu’il a attaché à son transat. Une fois installé, il a commandé une bouteille de vodka qu’il a déposée sur la bouée avant d’aller la déguster en mer. » Et d’ajouter : « Il y a aussi ceux qui apportent leurs mini-piscines, alors qu’ils sont à quelques mètres de l’eau. »

Un couscous épicé pour une allergique aux épices

À la Cafetière fêlée, dans une petite rue tranquille de la cité des Remparts, un client compose son code de carte bancaire sur la machine que lui tend une serveuse : « Avec la carte c’est sans doute mieux », conseille cette dernière à l’homme un poil distrait qui avait oublié « oublié » son moyen de paiement sur la table. Dans le centre-ville, un restaurant de cuisine traditionn­elle française explique qu’il reçoit souvent des clients ayant réservé chez son homonyme situé à quatre kilomètres de là dont la carte propose exclusivem­ent… des spécialité­s orientales. « Maintenant, on les accepte. D’ailleurs, ils n’ont pas l’air de se rendre compte qu’ils ne sont pas au bon endroit… » Un peu plus loin, Francis, le gérant du Pimm’s, rue de la République, raconte comment une femme lui a confié être « allergique aux épices », avant de commander un couscous. Inquiet pour sa santé, il lui a conseillé de choisir un autre plat. Rien n’y a fait. «À la fin du déjeuner elle roulait par terre et ne voulait même pas qu’on l’aide, assure Francis. Alors on a appelé les pompiers. »

Un club jambon sans jambon

« Qu’est qu’une Burrata ? Qu’est-ce qu’une truffe ? » Souvent, les cartes des restaurant­s laissent perplexes les vacanciers. À L’effet Mer, certains pensent même que la salade de tomates coeur-de-boeuf contient réellement le palpitant de ruminant. Un peu plus loin, sur la même étendue de sable, la directrice de L’epi beach fait aussi face à son lot d’incompréhe­nsions culinaires. « Hier on m’a demandé si on pouvait mettre le beurre salé à côté du caramel », s’amuse-t-elle. Même combat à L’hélios où Joy énumère les commandes improbable­s de ses clients : « On m’a déjà demandé un virgin mojito avec alcool et un club jambon sans jambon ! » Quant à Louis, du restaurant l’atelier, c’était « la salade de chèvre chaud sans chèvre ».

Attendez, je gare mon avion

À L’effet Mer, les questions ne se limitent pas à la carte. « Est-ce qu’il y a du sable partout ? » ou « est-ce qu’on peut manger à l’intérieur ? » : la réponse semble évidente, surtout avec un restaurant à ciel ouvert sur la plage… Nathalie a, elle, reçu deux coups de fil originaux la veille : « Un client m’a dit : attendez, je gare mon avion. Et une autre m’a demandé si elle pouvait venir avec ses deux chats en laisse. »

 ?? (Photo P. K.) ?? L’afflux de touristes amène son lot d’humour et d’incompréhe­nsion.
(Photo P. K.) L’afflux de touristes amène son lot d’humour et d’incompréhe­nsion.

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