St-honorat prépare son vin
Jusqu’en septembre, les Frères de l’abbaye de Lérins délaissent la prière et la liturgie pour les vendanges sur l’île St-honorat. Quelques retraitants se joignent à eux pour créer du lien. Un super millésime
Dans les vignes, les sécateurs s’agitent. Les seaux se remplissent. Et les vêtements se salissent. Dans quel état Frère Marie aurait-il retrouvé sa coule s’il l’avait enfilée pour vendanger le vignoble de l’abbaye de Lérins, sur l’île Sainthonorat ? Par expérience, le cistercien a préféré piocher un jogging et un t-shirt dans son armoire. Tout aussi méconnaissable, un autre frère se camoufle derrière ses lunettes noires et son treillis militaire. Seul son pendentif, une croix en bois, le trahit. Sinon, il est impossible de l’identifier parmi ceux qui leur prêtent main-forte. L’habit ne fait pas le moine. Les vendanges, elles, font le lien. Si les moines récoltent le raisin, ils cultivent aussi le partage.
Culture de la vigne et du partage
Entre les murs de l’abbaye, le silence règne. Mais entre les sept cépages, la parole se libère. Toutes les barrières s’envolent. « Dans les vignes, il y a un esprit communicatif, confie Frère Marie. On se laisse aller à des échanges avec des retraitants que l’on ne tient pas habituellement. Ça permet de consolider les liens. » Avant sa rentrée scolaire, Graciane Pavec s’est offerte une semaine au
Visite du quartier Prado-république
Jeudi août, à h , à l’espace Calmette Archives contemporaines, rue Docteur Calmette, visite du monastère. L’étudiante aurait pu profiter de la tranquillité du lieu pour se reposer et se ressourcer. Mais, dans un esprit d’échange, la Parisienne a immédiatement accepté de mettre les mains dans le raisin : « Au moins, je découvre une tout autre ambiance. C’est vraiment quartier Prado-république. Tarifs : €, € et pour les moins de ans : gratuit. Renseignements et réservations obligatoires ..... un moment de rencontre. »
Cette notion de partage, Éric Giraud la retrouve aussi. Le vacancier, qui vit le reste de l’année entre Nice et Paris, ne pouvait rêver mieux. Lui est venu pour « se retrouver hors du temps » .Mêmesi, « participer à la vie de la communauté »
Mini-concert et film
Vendredi août, à h, au Théâtre Alexandre III, , boulevard Alexandre III, mini-concert par Youlia Bouslenko et projection du film La prisonnière du Caucase. Gratuit sur inscription. Renseignements et inscriptions au ..... le ramène à la réalité des Frères : Ora et labora, un équilibre entre la prière et le travail.
Bien que la liturgie passe au second plan le temps des vendanges, de mi-août à mi-septembre, comme l’affirme Frère Marie : « On a totalement aménagé le temps des prières. On s’en accorde une le matin, en plein air. Une à midi. Puis on en a plus avant 18 heures. »
« Une connexion entre la terre et le ciel »
Luc Girard, un Nîmois fraîchement débarqué sur l’île, profite de sa troisième retraite avec les moines de l’abbaye de Lérins. Jamais il n’aurait pu imaginer vendanger avec eux. « Quand on est retraitant, on partage seulement les prières avec les moines, explique-t-il. On ne pense pas forcément au travail. » Alors, pourquoi se retrouve-t-il avec un sécateur dans une main, un seau dans l’autre ? « Pendant les vendanges, on retrouve cet équilibre de vie qu’ils réussissent à maintenir depuis le XVIE siècle. Ce n’est pas notre cas », loue-t-il.
Jamais Luc Girard n’oubliera cette « connexion entre la terre et le ciel » que lui ont offert les Frères.
Les vendanges du vignoble de l’abbaye de Lérins, sur l’île Saint-honorat, ont commencé le août dernier.
Si elles se poursuivent jusqu’en septembre, l’oenologue Hugo Millet se félicite déjà de la qualité du vin : « On va faire un super millésime ».
Avec l’aide d’une dizaine de bénévoles et des moines, les vignerons de Lérins ont déjà ramassé tonnes de raisin. « On s’est occupé du cépage du pinot noir, un vin rouge. Là, on termine le chardonnay, du blanc. On va pouvoir passer sur la syrah et au viognier… »
Comment expliquer une si bonne récolte ? « Nos vignes n’ont pas souffert du gel, comme ça a été le cas dans le Var. Nos fruits étaient sains. »