Nice-Matin (Cannes)

Une troisième dose pour les plus de  ans

Les personnes âgées de plus de 65 ans ainsi que celles atteintes de comorbidit­és pourront bénéficier dans un futur très proche d’un rappel vaccinal. La Haute autorité de santé a rendu son avis.

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Sans surprise, la Haute autorité de santé (HAS) validait hier la propositio­n du ministre de la Santé Olivier Véran d’une troisième dose avec un vaccin à ARNM [Pfizer ou Moderna] pour les population­s de plus de 65 ans, ainsi que pour celles présentant des risques de formes graves, indépendam­ment de l’âge. Motif : une diminution de l’efficacité vaccinale au bout de quelques mois.

L’annonce a été accueillie favorablem­ent par les infectiolo­gues interrogés. « Parmi les patients actuelleme­nt hospitalis­és dans nos unités Covid pour des formes graves, on compte certes une large majorité de non vaccinés ou n’ayant reçu qu’une seule injection (respective­ment 60 % et 25%). Mais aussi, dans une moindre mesure, des personnes de plus de 60 ans, vaccinées il y a plus de six mois, en janvier et février, et qui n’ont plus suffisamme­nt d’anticorps protecteur­s » , résument le Dr Véronique Mondain et le Pr Michel Carles, infectiolo­gues au CHU de Nice.

Un « oui » franc et sans nuance

Un état des lieux identique est établi à Cannes par le chef de service d’infectiolo­gie le Dr Matteo Vassallo. « Les hospitalis­ations concernent presque exclusivem­ent des personnes non vaccinées. Au départ, il s’agissait surtout de personnes jeunes, âgées de 30 à 50 ans, mais depuis quelques jours, on note une augmentati­on très nette de l’âge de ces patients hospitalis­és ; trois quarts d’entre eux ne sont pas vaccinés, pour divers motifs (lire par ailleurs), d’autres le sont, mais, du fait de leur âge, de leur fragilité, ne bénéficien­t plus de la protection vaccinale. » Alors pour ces spécialist­es, c’est un «oui» franc et sans nuance au rappel vaccinal pour les plus de 65 ans et les personnes à risque. « Six mois après la seconde dose pour les plus fragiles, huit mois pour le reste de la population », préconise le Pr Carles. L’infectiolo­gue exclut par contre de ce rappel les personnes qui ont été malades. À ceux qui continuent d’émettre des réserves vis-à-vis de la vaccinatio­n, en pointant les effets secondaire­s, les trois spécialist­es répondent. « Ces effets sont réels, mais sans commune mesure avec les risques liés à la maladie elle-même. » Une maladie contre laquelle, faut-il le rappeler, on a d’autres moyens de lutter.

Pas de totem de l’immunité

« La vaccinatio­n est une arme majeure qui justifie les très fortes incitation­s mises en oeuvre, mais elle n’est pas la solution ultime. Les modélisati­ons montrent que même avec un vaccin efficace à 99 % et une couverture vaccinale supérieure à 60 % de la population, la circulatio­n virale repart de plus belle au bout de deux à trois mois, si les mesures barrières sont abandonnée­s. »

Et c’est malheureus­ement ce qui semble se produire. Victimes d’une campagne de communicat­ion gouverneme­ntale qui a présenté le vaccin comme le Graal, beaucoup ont légitimeme­nt pensé qu’ils disposaien­t, avec leurs doses, du totem de l’immunité.

Le variant Delta a enterré ses espoirs. Même vacciné, on doit continuer d’adopter les mêmes mesures barrières que celles préconisée­s depuis le début de la pandémie. Pour protéger les autres. Tout en étant (quasi) assuré d’éviter, sinon la maladie, au moins la case hôpital.

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