Nice-Matin (Cannes)

Vivement la première dose !

- de PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-matin edito@nicematin.fr

Une troisième dose pour les personnes les plus exposées à la Covid : c’est plus sûr, estime la Haute Autorité de Santé, à l’instar d’autres pays, prêts à mettre le prix, pour mieux protéger leurs population­s. Les antivax trouveront sans doute que trois doses, c’est trois doses de trop. Ils profitent d’un luxe réservé aux Occidentau­x : bouder le seul moyen que nous ayons de prendre le virus de vitesse. Au Brésil, les manifestan­ts préfèrent écrire sur leurs pancartes : « Des vaccins sur nos bras, de la nourriture dans nos assiettes» . Alors que le nombre de victimes dans le monde approche les , millions (vous avez bien lu :

, millions de morts !),  à  % des population­s les plus pauvres ont accès à l’injection. Au Nigeria, l’un des pays les plus peuplés d’afrique, moins d’un million et demi de personnes sont protégées, pour  millions d’habitants. Larmes de crocodile ? Il n’est pas encore interdit de pleurer sur l’état du monde. Surtout quand on ajoute un constat implacable : l’hémisphère nord peut se blinder contre le variant Delta. Si c’est pour laisser le champ libre sur les autres continents à epsilon, thêta, iota et à toutes les autres lettres de l’alphabet grec, cette protection ne vaut rien sur le long terme. C’est le constat fait par l’organisati­on mondiale de la santé, dont la demande de moratoire sur la troisième dose a été rejetée par les USA début août. L’OMS est partisane de vacciner en priorité

 % de la population mondiale d’ici un mois. L’administra­tion Biden rétorque que « nous n’avons pas besoin de choisir ». Un système baptisé Covax doit permettre d’immuniser  millions de personnes d’ici mi-, grâce à la générosité des grandes nations, dont la France. Trop peu, trop lent, trop dépendant de la capacité de production des laboratoir­es.

Pour rattraper le retard, il faudrait lever les brevets sur les vaccins, quitte à fâcher les actionnair­es de Pfizer, Moderna et Astrazenec­a. Ou les contraindr­e à arroser en urgence absolue le tiers-monde de leurs précieuses fioles. En freinant sur la troisième dose dans les pays riches. Il n’y a pas d’autre choix.

« Sur les pancartes des manifestan­ts au Brésil : des vaccins sur nos bras, de la nourriture dans nos assiettes »

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