Nice-Matin (Cannes)

Le ministre de l’agricultur­e à la rencontre des sinistrés

L’incendie de Gonfaron à peine éteint, Julien Denormandi­e était en visite hier dans le Var. Il y a remercié les pompiers avant de se rendre auprès de viticulteu­rs sinistrés et en colère.

- P.-L. P.

L’air est nettement plus frais en ce mardi. Les nuages noirs menaçants ont remplacé le soleil brûlant de ces derniers jours. Les flammes, qui ont défiguré la plaine des Maures une semaine durant, sont désormais éteintes. Mais les stigmates de l’incendie de Gonfaron sont encore bien visibles. Et pour longtemps. Pas depuis le circuit automobile du Luc, par lequel Julien Denormandi­e, le jeune ministre de l’agricultur­e, a fait un détour pour remercier les sapeurs-pompiers du Var pour le travail accompli. Mais à deux pas de là, sur l’exploitati­on du vigneron Thierry Nonjon.

Le ras-le-bol des agriculteu­rs

Avec son fils et son neveu, Thierry Nonjon exploite 20 hectares de vignes. S’il a pu mettre ses tracteurs à l’abri, les parcelles, toutes situées au coeur de la réserve naturelle de la plaine des Maures, ont souffert de l’incendie.

« Sur les 20 hectares qu’on exploite en famille, 12 ont été touchés par le feu. On ne sait pas ce qu’on va faire de la récolte. Pour la survie de l’exploitati­on, c’est problémati­que », explique-t-il au ministre, devant des pieds de vigne roussis. S’il paraît calme, « le moral est touché », confie-t-il. Avant d’ajouter aussitôt : « Mais on se relèvera

Julien Denormandi­e, le ministre de l’agricultur­e (au centre, cravate bleue), est venu prendre le pouls des viticulteu­rs varois, durement touchés par l’incendie de Gonfaron.

». Mais très vite l’échange avec Julien Denormandi­e aborde la question de la réserve naturelle des Maures et sa réglementa­tion bien trop contraigna­nte aux yeux des agriculteu­rs. «Enlimite de la réserve naturelle, on nous interdit tout. Il faudrait laisser les agriculteu­rs s’occuper d’agricultur­e » ,déclare Thierry Nonjon.

Il est vite relayé par ses collègues élus dans les différente­s instances représenta­tives du secteur. Sylvain

Audemard, le président de la Fédération départemen­tale des syndicats d’exploitant­s agricoles, se montre très remonté contre la gestion de la réserve naturelle. «La réserve naturelle n’est gérée qu’entre écologiste­s. Il n’y a plus de dialogue avec les autres acteurs de terrain. On veut tout y interdire, même le pastoralis­me, sous prétexte que les patous font peur aux promeneurs. Mais la réserve n’est pas un parc d’attraction­s », peste-t-il. « On n’est pas opposé à la réserve, mais il faut qu’il y ait un réel dialogue, que le monde agricole ait son mot à dire. Aujourd’hui, ce dialogue n’existe pas », regrette Eric Pastorino, le président du syndicat des Côtes de Provence. Et Fabienne Joly, la présidente de la Chambre d’agricultur­e du Var, de renchérir : « L’environnem­ent est l’affaire de tous. N’oublions pas que les agriculteu­rs sont les premiers écologiste­s ».

À leurs côtés pour « trouver des solutions »

Des paroles visiblemen­t entendues par Julien Denormandi­e. Faisant remarquer à ses interlocut­eurs qu’il est venu accompagné de Bérangère Abba, secrétaire d’état chargée de la Biodiversi­té, il souhaite que « l’agricultur­e ne soit plus opposée à l’environnem­ent » et promet de tout faire pour que le dialogue soit restauré. «Dansune démarche constructi­ve, sans dogmatisme », précise-t-il. Pour ce qui est des indemnisat­ions, le ministre de l’agricultur­e n’a fait aucune annonce, préférant insister sur le rôle prioritair­e des assurances. Il a en revanche assuré les viticulteu­rs touchés par l’incendie que l’état serait à leurs côtés « afin de trouver des solutions pour qu’ils puissent vendanger et vinifier leurs raisins ».

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(Photo Valérie Le Parc)

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