Nice-Matin (Cannes)

Castex au chevet des réfugiés afghans choqués et inquiets

Le Premier ministre est venu échanger avec ceux qui ont fui leur pays reconquis par les talibans, insistant sur le fait que Paris « doit protéger celles et ceux qui, à un titre ou un autre, ont aidé » la France.

-

Des « sentiments mélangés » : Jean Castex s’est rendu, hier matin, à la rencontre de réfugiés afghans, tenaillés entre le soulagemen­t d’avoir pu fuir Kaboul après sa prise express par les talibans mais aussi profondéme­nt inquiets du sort de leurs familles et amis.

Apercevant l’écharpe tricolore d’une députée, une jeune journalist­e afghane, arrivée dimanche en France après avoir « tout quitté » , fond en larmes: «Je ne sais pas si je reverrai un jour mon drapeau », explique-t-elle au Premier ministre. Dans l’hôtel de banlieue parisienne arrivent des centaines d’hommes, femmes et enfants tout juste débarqués d’afghanista­n, dont la capitale est tombée le 15 août aux mains des talibans.

Un médecin témoigne

Accompagné de la ministre déléguée à la Citoyennet­é Marlène

Schiappa, Jean Castex écoute un médecin relatant en français « toutes les catastroph­es » vécues à l’aéroport de Kaboul, où il est resté deux jours avec ses proches, jusqu’à être exfiltré par des soldats français au milieu d’un chaos indescript­ible. « Les Américains nous ont dispersés avec du gaz lacrymo. J’ai perdu mes trois enfants dans la cohue. J’ai fini par les retrouver », dit-il, ému. Son épouse, travaillan­t aussi dans le secteur médical, et sa belle-soeur, acquiescen­t.

« On est très inquiet »

« On est très inquiet pour notre famille. J’étais heureux de venir en France mais j’ai un sentiment un peu mélangé », ajoute le médecin. Un fonctionna­ire encore sous le choc de « la soudaine chute de Kaboul que l’on n’imaginait pas », insiste auprès de Jean Castex : « Si vous pouviez faire encore quelque chose... Les talibans vont aller chasser nos familles, surtout pour ceux qui ont un lien fort avec les pays occidentau­x. »

« Nous prenons nos responsabi­lités », assure Jean Castex. « La France doit protéger celles et ceux qui, à un titre ou un autre, ont aidé la République française. Et puis la France est aussi une terre d’asile et doit la protection à ceux qui sont particuliè­rement vulnérable­s », ajoute-t-il. Dans les faits, les agents du Centre de crise et de soutien (CDSC) anticipent des prochains jours douloureux, à l’approche de la fin des opérations d’évacuation qui pourrait intervenir, côté français, dès demain soir (1) «Onva avoir un pic d’angoisse. quatre-vingtdix à 95 % des appels, ce sont des Afghans réfugiés en France qui s’inquiètent pour leur famille », prévient un dirigeant de la cellule. «Onva aussi avoir un sujet postopérat­ion », poursuit un autre cadre du ministère, évoquant « tous ceux faisant l’objet de menaces et de vulnérabil­ités et qu’on n’aurait pas pu évacuer ».

« Il faudra qu’on continue à imaginer un dispositif pour que nous puissions traiter les demandes », observe-t-il.

 ?? (Photo AFP) ?? Jean Castex arrivant, hier, au Centre de crise et de soutien à Paris le  août.
(Photo AFP) Jean Castex arrivant, hier, au Centre de crise et de soutien à Paris le  août.

Newspapers in French

Newspapers from France