Au Conseil d’etat, des familles demandent le rapatriement en urgence de leurs proches
Alors que la situation devient de plus en plus chaotique à Kaboul, les craintes des Afghans réfugiés en France pour leurs proches restés au pays se font plus pressantes. Plusieurs familles ont saisi hier le Conseil d’etat en référé pour obtenir en urgence l’application de la procédure dite de « réunification familiale » à laquelle leur statut leur donne droit. La réunification familiale, à distinguer du « regroupement » familial, permet en effet aux réfugiés, aux apatrides et aux étrangers bénéficiant de la protection subsidiaire de l’etat (car encourant un danger de mort dans leur pays d’origine), de faire venir en France leurs parents proches (conjoint, concubin ou enfant mineur).
Or, l’application effective de ce droit est au point mort, et ce alors que les talibans mènent déjà sur place ce qui ressemble de plus en plus à une purge parmi celles et ceux soupçonnés d’avoir coopéré ou travaillé avec les Occidentaux.
« Juste l’application des droits »
« On ne dit pas “rapatrieznous ! ”, on demande juste l’application des droits attribués à ces personnes réfugiées en France et à leurs familles, qui craignent aujourd’hui pour la sécurité de leurs proches » ,a précisé Me Uzan-sarano pour le compte des demandeurs.
Lenteur administrative regrettée
Rappelant que certains dossiers de demande de réunification familiale avaient été déposés en juillet 2019, l’avocat au Conseil d’etat a regretté la lenteur administrative de leur traitement et souligné le caractère « extrêmement urgent » qu’il y avait à faire revenir « ces épouses et ces enfants restés en Afghanistan ». En face, Pascale Léglise, directrice des libertés publiques et des affaires juridiques auprès du ministère de l‘intérieur, a reconnu la gravité de la situation : « Nous ne contestons pas le droit au rapatriement », a-t-elle assuré, tout en indiquant que le problème pouvait difficilement se résoudre depuis Paris.
Dans la situation de chaos qui prévaut aujourd’hui à Kaboul, unique porte de sortie du territoire, la France est en effet loin d’avoir la main. « Les Américains contrôlent l’aéroport et les talibans occupent les check-points : nous ne sommes pas les maîtres du jeu », a observé la représentante du gouvernement. Avant de penser à regagner la France, les candidats au départ éprouvent en effet les pires difficultés à rejoindre l’aéroport puis à y entrer. Sans compter que, sur place, la liste des personnes autorisées à pénétrer le secteur ne recoupe pas forcement celle des gens autorisés à emprunter un avion.
Accélérer les retours avant le août
Face à ce constat d’impuissance, que peut bien faire le Conseil d’etat ? « Octroyer des visas ou des laissez-passer qui permettront à ces personnes de rejoindre l’aéroport, espère Me Uzan-sarano, voire confier le traitement de ces dossiers à d’autres autorités consulaires ».
En d’autres termes, faire tout ce qui est possible pour accélérer les rapatriements avant la date fatidique du 31 août, jour annoncé par les talibans comme celui de la fin des évacuations. Le juge des référés rendra sa décision demain.