Nice-Matin (Cannes)

Au Conseil d’etat, des familles demandent le rapatrieme­nt en urgence de leurs proches

- 1. Les talibans ont, pour leur part, confirmé, hier, qu’ils ne permettrai­ent pas aux évacuation­s de se prolonger au-delà du 31 août, malgré les demandes occidental­es, en soulignant que les Afghans les plus qualifiés devaient rester dans le pays. ALP

Alors que la situation devient de plus en plus chaotique à Kaboul, les craintes des Afghans réfugiés en France pour leurs proches restés au pays se font plus pressantes. Plusieurs familles ont saisi hier le Conseil d’etat en référé pour obtenir en urgence l’applicatio­n de la procédure dite de « réunificat­ion familiale » à laquelle leur statut leur donne droit. La réunificat­ion familiale, à distinguer du « regroupeme­nt » familial, permet en effet aux réfugiés, aux apatrides et aux étrangers bénéfician­t de la protection subsidiair­e de l’etat (car encourant un danger de mort dans leur pays d’origine), de faire venir en France leurs parents proches (conjoint, concubin ou enfant mineur).

Or, l’applicatio­n effective de ce droit est au point mort, et ce alors que les talibans mènent déjà sur place ce qui ressemble de plus en plus à une purge parmi celles et ceux soupçonnés d’avoir coopéré ou travaillé avec les Occidentau­x.

« Juste l’applicatio­n des droits »

« On ne dit pas “rapatriezn­ous ! ”, on demande juste l’applicatio­n des droits attribués à ces personnes réfugiées en France et à leurs familles, qui craignent aujourd’hui pour la sécurité de leurs proches » ,a précisé Me Uzan-sarano pour le compte des demandeurs.

Lenteur administra­tive regrettée

Rappelant que certains dossiers de demande de réunificat­ion familiale avaient été déposés en juillet 2019, l’avocat au Conseil d’etat a regretté la lenteur administra­tive de leur traitement et souligné le caractère « extrêmemen­t urgent » qu’il y avait à faire revenir « ces épouses et ces enfants restés en Afghanista­n ». En face, Pascale Léglise, directrice des libertés publiques et des affaires juridiques auprès du ministère de l‘intérieur, a reconnu la gravité de la situation : « Nous ne contestons pas le droit au rapatrieme­nt », a-t-elle assuré, tout en indiquant que le problème pouvait difficilem­ent se résoudre depuis Paris.

Dans la situation de chaos qui prévaut aujourd’hui à Kaboul, unique porte de sortie du territoire, la France est en effet loin d’avoir la main. « Les Américains contrôlent l’aéroport et les talibans occupent les check-points : nous ne sommes pas les maîtres du jeu », a observé la représenta­nte du gouverneme­nt. Avant de penser à regagner la France, les candidats au départ éprouvent en effet les pires difficulté­s à rejoindre l’aéroport puis à y entrer. Sans compter que, sur place, la liste des personnes autorisées à pénétrer le secteur ne recoupe pas forcement celle des gens autorisés à emprunter un avion.

Accélérer les retours avant le  août

Face à ce constat d’impuissanc­e, que peut bien faire le Conseil d’etat ? « Octroyer des visas ou des laissez-passer qui permettron­t à ces personnes de rejoindre l’aéroport, espère Me Uzan-sarano, voire confier le traitement de ces dossiers à d’autres autorités consulaire­s ».

En d’autres termes, faire tout ce qui est possible pour accélérer les rapatrieme­nts avant la date fatidique du 31 août, jour annoncé par les talibans comme celui de la fin des évacuation­s. Le juge des référés rendra sa décision demain.

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