RENCONTRE AVEC LE PORTE-DRAPEAU TRICOLORE DES JO DE TOKYO « Il faut savoir accepter »
Quatrième aux Jeux, Samir Aït-saïd a manqué la médaille au Japon en raison d’une blessure au biceps. Un accroc de plus dans sa quête olympique, même si l’antibois semble avoir digéré.
Le sourire est revenu sur son visage. Casquette vissée sur la tête, Samir Aït-saïd a fait une énième apparition publique, hier à Nice. Présent au Parc Phoenix pour le lancement des Jeux Paralympiques, le gymnaste antibois a pris le temps de revenir sur ses derniers Jeux Olympiques. Un séjour japonais qui l’a vu guider la délégation française en tant que porte-drapeau, mais aussi terminer à la quatrième place du concours des anneaux. Fichue déchirure au biceps… À 31 ans, le natif de Champignysur-marne ne verse pas dans l’amertume et profite de sa période de repos avant de repartir à bloc. Direction Paris 2024.
Où en êtes-vous, trois semaines après votre finale aux Jeux ?
Je dois bien me soigner, bien récupérer pour repartir. J’ai hâte de retourner sur les plateaux de compétition, mais il ne faut pas être trop gourmand. C’est toujours le petit démon du sportif, de vouloir reprendre trop vite. Les Jeux, c’est dans trois ans. On va travailler intelligemment. Les deux grosses prochaines échéances seront dans un an avec les championnats d’europe et les championnats du monde.
Et le biceps ?
Le biceps, il a encore trois centimètres de déchirure. Je suis allé chez le médecin à Monaco dernièrement, la blessure diminue. De toute façon, qu’il y ait trois, dix ou deux centimètres, ça ne changera rien. Ça ne me fera pas revenir en arrière. Il faut savoir accepter, prendre du temps pour soi.
Combien de temps ?
Je dirais un mois. Mais c’est le biceps le patron. Quand il sera remis à zéro, on pourra retourner à l’entraînement.
Cette blessure ?
Ilyaeudetrèsbons moments et des moins bons à Tokyo. Cette blessure arrive encore une fois au dernier moment. Il y a peut-être eu une surcharge de travail.
Attention, je ne dis pas que c’est ça, mais on est sur un agrès très traumatique [les anneaux, N.D.L.R.] .Çane blague pas, on est toujours en contrainte sur les os, les tendons, les muscles… Je me suis blessé avant Londres, à Rio et je me suis fait mal à Tokyo : on dit jamais deux sans trois, maintenant c’est fait ! Je vais écrire une magnifique fin de mon histoire dans mon pays, en France.
Paris, c’est déjà demain ? [Il montre sa casquette Paris ] C’est demain, dans trois ans. Mais c’est aussi ça qui est compliqué, on vient d’enchaîner cinq années d’entraînement à haute intensité donc il faut savoir dire stop et relâcher. Je suis confiant, je suis bien entouré par mon staff, mes partenaires et la ville d’antibes. Ce n’est pas seulement un accompagnement financier.
Les Jeux Paralympiques viennent de débuter. Comment les percevezvous en tant qu’athlète porte-drapeau ?
Ce sont des sportifs de haut niveau, des champions. Je connais des handis qui sont plus valides que certains valides ! [sourire] J’ai du mal à comprendre pourquoi on ne dispute pas les Jeux tous ensemble. J’ai posé la question, c’est une histoire de place. C’est compliqué de mettre les valides et les non-valides dans le même village olympique.
Selon le porte-drapeau handisport Stéphane Houdet, il faudrait « un tableau des médailles commun. » () Qu’en pensez-vous ?
Ça peut être une très bonne chose. Moins il y a de différences, plus je suis content. Dans ma voiture tout à l’heure [hier], j’ai regardé la cérémonie d’ouverture jusqu’à ce que l’orage se calme [sourire]. Pour moi, les Jeux ne se sont pas arrêtés. 1. Le tennisman a soumis cette idée dans une interview donnée au journal Le Parisien.