« On savait très bien que les talibans reviendraient »
Ancien du 1er Régiment de Hussards Parachutistes, le Niçois Jean-louis Bertolotti le reconnaît lui-même : il n’est pas revenu indemne d’afghanistan. En 22 ans d’armées, il affirme avoir toujours voulu être là où ça castagne. « Mais quand vous êtes pris dans les embouteillages à Kaboul, et qu’un gamin vous repère, sort un téléphone portable de sa poche et vous regarde en rigolant, ça glace le sang », raconte celui qui a pourtant connu la menace des snipers en Bosnie.
Volontaire comme toujours, le caporal-chef Jean-louis Bertolotti est parti en Afghanistan par devoir, plus que par conviction. « J’avais signé un contrat. Il fallait faire le job. » Pour le reste, il n’a jamais trop eu d’illusions sur l’efficacité de la présence française, sinon occidentale. « On savait très bien qu’on se retirerait, et que les talibans reviendraient. Quant au terrorisme islamiste, il avait déjà frappé en France. »
Pour ne pas salir la mémoire de ses camarades morts ou sérieusement blessés là-bas, et tout particulièrement ceux de l’embuscade d’uzbin le 18 août 2008, il concède finalement que « les militaires français ont été utiles… un temps ».
« Pas fiables du tout »
Mais Jean-louis Bertolotti n’a pas de mots assez durs pour dépeindre ceux qu’ils étaient venus aider : les Afghans. « C’est un pays ingérable. Avec leur barbe, leur pakol et leur shalwar kameez, leur tenue quotidienne, impossible de distinguer les amis des ennemis. Ceux qui vous saluaient le matin étaient capables de vous tirer une rafale de kalachnikov l’après-midi. »
Il en veut pour preuve le témoignage de ses camarades engagés dans les Operational mentoring and liaison team (OMLT), dispositifs d’encadrement des soldats afghans. « Ces derniers n’étaient pas fiables du tout. Bien sûr, il y avait des mecs bien, mais combien ont foutu le camp au moment des embuscades pour ne jamais revenir. »
Alors, au moment où les évacuations vers la France se multiplient, il est plus que partagé.