Nice-Matin (Cannes)

« Il est temps que l’état revienne à sa juste place »

En ouverture, à Paris, de la Rencontre des Entreprene­urs de France placée sous le signe de la liberté, Geoffroy Roux de Bézieux en a profité pour s’adresser au futur président de la République.

- A PARIS, KARINE WENGER kwenger@nicematin.fr

Un air de liberté souffle, depuis hier, sur l’hippodrome parisien de Longchamp qui accueille la Rencontre des Entreprene­urs de France (REF), ex-université du Medef. Normal puisque cette troisième édition est intitulée « A l’air libre ». Libre de bouger, de penser, de commercer… Et surtout de dire la vérité, « Même si elle est parfois difficile à entendre », estime Geoffroy Roux de Bézieux, président du Mouvement des entreprise­s de France (Medef), agacé par tous ceux qui clament que « nous vivons dans une dictature et que nos libertés sont piétinées. Notre rôle à nous, les entreprene­urs, est de dire la vérité parce que nous sommes, au quotidien, en prise directe avec l’économie réelle et que les 190 000 entreprise­s adhérentes du Medef donnent en temps réel le retour du terrain ».

Pas de transition écologique sans nucléaire

Et ce retour, c’est notamment la transition écologique, un défi majeur qui ne peut s’accomplir sans le nucléaire, seul à même de fournir la quantité d’électricit­é nécessaire pour décarboner l’économie. « Les premiers écologiste­s, ce sont les entreprise­s et les entreprene­urs engagés dans un processus de décarbonat­ion de leur production. » Et de demander la mise en place rapide d’une taxe carbone aux frontières de l’europe. Autre vérité du patron des patrons : cette décarbonat­ion « ne sera pas un long fleuve tranquille. Des milliers d’entreprise­s et d’emplois vont disparaîtr­e ». Charge aux entreprene­urs d’inventer ce que Geoffroy Roux de Bézieux appelle le « capitalism­e décarboné » . Et d’alerter sur deux dangers qui mettent en péril la reprise : les pénuries – conjonctur­elles – des matières premières et les difficulté­s à recruter dues notamment à « l’inadéquati­on entre la formation, les compétence­s et les attentes des entreprise­s. C’est pour cela que nous demandons que la réforme de l’assurance chômage soit mise en place le plus rapidement possible ».

Feuille de route pour le futur chef de l’etat

Puisque la présidenti­elle se profile à l’horizon, le président fait un appel du pied au futur candidat et lui dessine sa feuille de route en trois points. « Le premier défi est celui du financemen­t de notre protection sociale. La seule manière d’y répondre est de travailler plus et surtout plus longtemps. Le prochain président de la République devra reculer l’âge de départ à la retraite. » Pour résoudre le problème

de la dette publique, il faut aussi maintenir les baisses d’impôts et que le poids des dépenses publiques revienne dans la moyenne européenne. « Il est temps que l’état revienne à sa juste place. Nous soutenons la fin du quoi qu’il en coûte de manière résolue. Nous ne sommes pas devenus des entreprene­urs pour vivre des aides de l’état. » Deuxième défi du candidat à la présidence : l’éducation « car nous sommes entrés dans l’économie de la compétence et de la connaissan­ce et que le niveau de formation

d’un pays est au moins aussi important que le niveau de prélèvemen­t obligatoir­e ». En apparence éloigné du monde de l’entreprise, le dernier défi auquel devra répondre le prochain hôte de l’élysée concernera l’intégratio­n. «Refaire bloc autour de la France, ses valeurs… » en s’appuyant sur les partenaire­s sociaux. Dernier conseil du président du Medef : « Avoir le courage de dire la vérité lors de sa campagne, même si elle est dure à encaisser. »

Travailler plus et plus longtemps”

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(Photos I.A.) Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef, a la parole libre.

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