L’étonnant bestiaire de Jean Korbo
Chauffeur poids lourds la nuit, Stéphane Pla se transforme en Jean Korbo la journée où, dans son « garage-atelier », ils confectionnent d’immenses et surprenantes bébêtes en acier.
Infiniment plus dissuasif que le chien de garde : le Xénomorphe. Perchée sur un pilier du portail d’entrée, l’impitoyable créature de la saga Alien veille au grain. « Il ne mord pas, il est gentil » s’éclate Stéphane Pla. Sûr ? On a connu plus rassurant comme comité d’accueil. « Un jour, les voisins ont vu ça, ils n’ont pas compris. »
Depuis, « l’adorable » bébête de deux mètres a été acceptée de tous, chemin du Grand Chêne. C’est-àdire qu’en s’approchant (juste un peu) plus près, elle n’est, en fait, seulement constituée d’acier. La première création du Grassois de 46 ans, il y a un an et demi. « Trois mois de travail, mais je ne savais pas encore trop où j’allais. » Une vingtaine de pièces ont suivi : tortue, requin, hippocampe, raie, fourmi, araignée, coccinelle... Sans oublier les papillons sur leurs roseaux, qui s’animent quand le vent se lève.
« J’ai vu que j’étais capable, j’ai continué »
Son showroom ? La façade de sa maison et le jardin. Tout ça, pour Stéphane Pla – Jean Korbo de son nom d’artiste – ce n’est que du plaisir. « Je suis chauffeur poids lourds et je travaille la nuit, sourit l’ancien écolier de Saint-jacques. J’ai donc l’après-midi de libre et je cherchais quelque chose pour m’occuper. » Alors, comme il a toujours touché sa bille en bricolage, il s’est lancé. Direction les Briconautes pour récupérer des barres d’acier. Tordre, souder, meuler. Puis créer. « J’ai commencé par l’alien. Quand j’ai vu que j’étais capable, j’ai continué. » Presque tous les jours, « à raison de 3-4 heures », et les week-ends, l’autodidacte descend de son garage, transformé en atelier, et laisse libre cours à sa passion. En ce moment, c’est un éléphant, dont les cornes commencent à poindre sous sa main assurée.
Passion sans contraintes
Et, confesse-t-il, presque gêné, «visiblement ça plaît. » Alors qu’il gardait ses créations dans son cercle de proches, l’une de ses amies a créé une page Facebook (1) où elle les affiche aux yeux de tous. Lui trouve l’idée sympa.
Des demandes arrivent, notamment pour en connaître le prix de vente. Là, ça grince un peu plus. «Onm’a interrogé pour savoir si je travaillais sur commande. Mais ça ne m’intéresse pas vraiment. Je ne cherche pas à vendre à tout prix. C’est surtout un plaisir, je n’ai pas de contraintes, je fais ce que je veux. Si je n’ai pas d’idées, pas envie, je ne travaille pas. Je fais selon mes humeurs. Si ça plaît, tant mieux » glisse Jean Korbo. Avant de rabaisser ses lunettes, reprendre son fer à souder et retourner à son éléphant, qui complétera bientôt cet étonnant bestiaire.
Alors, on laisse l’artiste à sa passion. Et, en quittant les lieux, on n’oublie surtout pas de saluer le Xénomorphe...
1. Page Facebook Jean Korbo.