Nice-Matin (Cannes)

Luc : il rentre chez son amie cagoulé et armé d’un pistolet factice

Ivre, l’homme a escaladé la façade de l’immeuble avant de se montrer violent.

- V. W.

Bilal E. est un prévenu conciliant. Mais un conjoint violent. Dans le box du tribunal correction­nel de Draguignan, ce Lucois de 30 ans reconnaît tous les faits de ce 16 juillet 2021, même ceux dont il ne se souvient pas. « Je m’excuse auprès de mon ex-compagne et des gendarmes que j’ai insultés. J’ai l’alcool méchant… J’ai honte… »

Bilal se rappelle avoir escaladé la gouttière qui mène à l’appartemen­t de Marie (1), situé au deuxième étage, « mais pas d’avoir brisé la fenêtre ». Il n’évoque pas en revanche les coups qu’il a portés par la suite. Cagoulé et armé d’un pistolet factice – « je l’avais trouvé en bas de l’immeuble sur une boîte aux lettres » – il a braqué la jeune femme sous les yeux de leur fille âgée de 4 ans avant de la frapper à la tête et au ventre. « C’est comme ça à chaque fois qu’il est alcoolisé, le reste du temps il est très gentil » a raconté Marie aux gendarmes. Pour se protéger des accès de fureur de Bilal, elle ferme donc l’appartemen­t et laisse la clé dans la serrure.

Insultes et menaces de mort

Reconnaiss­ant du bout des lèvres que ce n’est pas la première fois que Bilal joue les Patrick Edlinger… Car même si la jeune femme cherche à minimiser les faits, ne souhaitant pas par exemple se constituer partie civile malgré des violences du 14 janvier dernier lui ayant occasionné cinq jours D’ITT, elle ne peut cacher que les coups et les insultes tombent sur elle aussi souvent que la pluie en novembre. « Notre fille a quatre ans maintenant, et elle commence à comprendre… Je ne veux pas qu’il aille en prison mais qu’il se fasse soigner pour son addiction à l’alcool. »

Dans la foulée du dernier acte de violence sur sa désormais ex-compagne, Bilal a également insulté et menacé de morts les gendarmes venus l’interpelle­r. « Ils vous ont vu aussi jeter une plaquette de cannabis, qu’ils n’ont d’ailleurs pas retrouvé » note la présidente Mariejosé Coureau-vergnolle. –

« C’était une barrette, rectifie le prévenu. Une plaquette, ils auraient mis la main dessus, c’est trop gros. »

« Tout près de la catastroph­e »

« On est passé tout près de la catastroph­e, souligne pour sa part le procureur Patrice Camberou. Je comprends que madame souhaite retrouver au plus vite une vie de famille normale, mais on sent une emprise de violences conjugales dans ce couple dont il faut parvenir à s’extraire. »

Le tribunal, sensible aux arguments du ministère public, suit ses réquisitio­ns à la lettre. Bilal E., déjà connu de la justice pour des faits de violences, est condamné à trois ans d’emprisonne­ment dont un de sursis probatoire. Dans le public, sa famille met du temps à comprendre que le jeune homme ne rentrera pas ce soir à la maison. Ni par la porte, ni par la fenêtre.

1. Le prénom a été modifié.

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(Photo doc V.-m.) Trois ans de prison pour le conjoint violent.

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