Nice : les adultes réfractaires croisent les ados volontaires
Pas envie. Mais plus le choix.
Tel est l’état d’esprit de nombreux primo-vaccinés, à l’heure de la rentrée. Chez les adultes du moins. Car le centre de vaccination de Nice, scindé en deux niveaux au Palais des expositions, offre un contraste saisissant : adultes réfractaires au rez-de-chaussée, ados volontaires à l’étage.
« Pas convaincu », mais « contraint de le faire ». C’est le cas de David, Niçois de 33 ans. Il s’apprête à recevoir sa première injection de Pfizer. « Avec le pass sanitaire, je suis bloqué partout : pour le travail, pour les activités… J’ai fait deux tests au mois de juillet. Bientôt il sera payant. Donc j’arrête. »
David l’assure : étonnamment, il ne « connaît personne qui a eu la Covid ». Livreur, il n’a pas subi de pression de son patron pour se faire vacciner. Mais il a préféré anticiper. « Il faut y passer. Donc je préfère le faire maintenant. » Muriel, artiste-peintre de 48 ans, est parvenue à la même conclusion. Niçoise depuis peu, elle va intervenir en milieu scolaire à partir d’octobre. «Si je veux me protéger et protéger les enfants, je suis obligée d’engager ma responsabilité par rapport au vaccin… »
« Puisqu’il faut le faire… »
Elle aussi vient à la vaccination « à reculons ». Son mari, vacciné de longue date, l’y a souvent encouragée. Sans succès jusqu’ici. Muriel a «peur de l’après, des effets indésirables. Mais puisqu’il faut le faire, on fait avec… » Au Palais des expositions, la plupart des visiteurs majeurs viennent pour leur deuxième dose. Mais « l’état d’esprit a changé », constate le Dr Malika Manini. Médecin généraliste à la retraite, elle prête main-forte à ses « collègues surchargés » . Elle a bien vu la « césure très claire avant et après l’annonce du pass sanitaire », qui a pris de court les réfractaires et les indécis.
Alors, « forcément », certains reportent leur mauvaise humeur contre ces personnels soignants et méritants. « On est aux premières loges », confie le Dr Manini. Elle renonce à discuter avec certains antivax « qui arrivent avec leurs croyances ». Mais elle tente de lever des craintes, pour « mettre plus à l’aise même ceux qui se font vacciner contre leur gré ».
« Le vaccin, c’est la vie »
À l’étage, toute autre musique. Mathis, 12 ans seulement, vient recevoir sa première dose. « Ce sont plutôt ses parents qui ont décidé pour lui, même s’il n’était pas contre », précise Ludivine, sa mère, 43 ans.
Elle et son mari sont vaccinés. Ils étaient « un peu réticents » pour leur enfant. Ils s’y sont résolus « par prévention, pour éviter d’être embêté, et parce qu’on a confiance dans le vaccin ». Confiant mais un peu anxieux, Mathis. Puis soulagé. « Ça s’est très bien passé. J’ai senti l’aiguille, mais léger ». À deux pas de là, Lisa et son fils Giuseppe viennent « d’abord pour se protéger ». Et parce que « le vaccin, c’est la vie, pour sortir faire du sport, aller au cinéma ou dans les magasins ».
Après la mère, le fils
Lisa, 36 ans, a franchi le pas dès qu’elle a fini d’allaiter sa petite Christine, 5 mois. Pour elle, c’était hier. Aujourd’hui, c’est au tour de Giuseppe, 16 ans. Lisa « espère que tout le monde va se faire vacciner ».
Pour ces jeunes visiteurs, la visite est bouclée en une demi-heure. Grâce à la bonne couverture vaccinale de la Métropole, qui explique le faible rythme actuel. Grâce, aussi, « à tous ces agents et étudiants qui ont fait un boulot remarquable », salue Véronique Borré, directrice de l’agence métropolitaine de sécurité sanitaire. « À part de mauvais coucheurs, tous les gens sont unanimes sur l’accueil. » Les réfractaires n’y changeront rien : « C’est une aventure humaine extraordinaire. »