Les mauvaises fréquentations d’un Niçois fiché « S »
En comparution immédiate vendredi dernier devant le tribunal judiciaire de Grasse, Luck M., un Niçois fiché « S » de ans, a déjà passé sept ans de sa jeunesse en prison, pour participation à une association de malfaiteurs et terrorisme. Revenu de Syrie, il avait suivi un entraînement militaire en , aux côtés de combattants ayant comme lui fait allégeance à Daesh.
Il s’était fait appréhender à son retour en région parisienne, fréquentant trop assidûment les sites de propagande islamiste. Pendant son incarcération, il s’était uni
« par correspondance » à Sarah H., condamnée à ans de réclusion, pour avoir participé à la tentative d’attentat à la bonbonne de gaz, en septembre , contre la cathédrale Notre-dame de Paris. Il avait pu communiquer « une seule fois avec elle par l’intermédiaire du portable d’un codétenu ».
Dans un bar à chicha de Villeneuve Libéré le mars dernier, Luck M. fait l’objet d’une interdiction de quitter la commune de Nice, une des contraintes imposée par une mesure individuelle de contrôle administratif et de surveillance (Micas). En clair, il doit pointer quotidiennement au commissariat et ne pas fréquenter d’anciens codétenus ou complices. Mais il est contrôlé par les gendarmes le août lors d’une soirée dans un établissement de Villeneuve-loubet, un bar à chicha du bord de mer. Ceux-ci mentionnent dans leur rapport : « nous contrôlons un groupe d’individus qui passent la soirée ensemble ». Il s’agit notamment d’un autre Niçois fiché « S », un certain Ali A. Les deux hommes ont-ils été en contact ? Luck M. s’en défend et avoue que, « comme il habite mon quartier, on aurait pu avoir l’occasion de se rencontrer, ça s’est jamais produit. Là il s’agit d’un hasard. Maintenant j’ai envie de profiter, de sortir de tout cela après des années de restrictions religieuses ». Enfin il affirme avoir fait une mauvaise lecture de l’arrêté du ministre de l’intérieur et des dates lui imposant ces mesures restrictives.
Le procureur constate « qu’ils étaient à proximité. Ont-ils communiqué par l’intermédiaire d’un ami présent ce soir-là ? ».
A la défense, Me Stéphanie Dantzikian cite le rapport de synthèse des gendarmes qui note « qu’il n’est pas possible de déterminer s’ils ont été en contact » et demande la relaxe de son client pour ce chef de prévention, et admet que son client a reconnu à demi-mot avoir été en infraction concernant son déplacement interdit. Pour ce délit, Luck M. sera condamné à mois de prison avec mandat de dépôt et sera relaxé pour la rencontre d’une personne malgré l’interdiction judiciaire.
JEAN STIERLÉ