€ d’amende pour trafic de pesticide
Huit exploitations maraîchères ont été condamnées hier pour un trafic de 132 tonnes de pesticide interdit importé d’espagne.
C’est un révélateur de la place de la chimie dans la société et de la difficulté de s’en passer quand on est accro », avait estimé le procureur de la République de Coutances, Cyril Lacombe, lors de l’audience le 21 mai.
Carottes de Créances
Le magistrat avait alors demandé des peines allant de 8 000 à 100 000 euros contre les maraîchers accusés de détention et/ou utilisation de dichloropropène, un produit classé cancérogène probable utilisé pendant des décennies par les producteurs de carottes de Créances (Manche) et des environs, avant qu’il ne soit interdit en France en 2018. Près de 100 tonnes y ont été épandues entre février 2018 et novembre 2020.
L’intermédiaire qui commandait les produits en Espagne, est lui condamné à 80 000 euros d’amendes dont 30 000 avec sursis. L’homme qui regroupait les commandes écope de 60 000 euros d’amende dont 30 000 avec sursis. Et l’entreprise de travaux agricoles qui épandait le produit la nuit et faisait de fausses factures d’élagage est condamnée à 20 000 euros d’amende, dont 10 000 avec sursis.
« C’est une décision importante qui pourrait faire jurisprudence », a commenté Annick Briand, qui représentait la Confédération paysanne, partie civile.
Ce pesticide était utilisé contre un ver parasite qui se développe sur les terres sableuses comme celles qui ont fait la réputation des carottes de Créances.
« Beaucoup de veuves »
Les prévenus « auraient dû commencer à anticiper en 2009 » lorsque l’usage de ce produit n’est devenu possible dans l’union européenne que sur dérogation, avait estimé Mme Briand durant le procès.
« Quand je me suis installée à Lingreville », une commune proche de Créances, «ily avait beaucoup de veuves. Les hommes étaient morts de ce produit », avait ajouté la maraîchère bio.
Elle avait alors accusé la FNSEA de « faire pression au niveau européen » pour que ce produit puisse encore être utilisé.