L’expert : « Le pass, un tue-le-commerce »
Journaliste, Olivier Dauvers est un spécialiste de la grande distribution. Alors que des arrêts préfectoraux d’obligation du pass sanitaire ont été annulés par certains tribunaux administratifs, ce dont le gouvernement entend faire appel, il analyse l’impact sur l’activité des grands centres commerciaux.
L’incidence du pass sur la grande distribution est-elle importante ?
Elle est très importante. Dès lors que vous ajoutez des contraintes à un client, par principe il s’intéresse moins à vous. Plus simplement, personne n’aime les contraintes. Quand vous avez la possibilité de trouver une autre solution pour atteindre le même objectif, eh bien, vous la préférez. Voilà pourquoi les magasins soumis au contrôle du pass sanitaire voient leur chiffre d’affaires baisser de à % en moyenne. Et voilà même pourquoi des centres commerciaux qui ne sont pas soumis à cette obligation voient aussi leur fréquentation chuter. Car des clients pensent que le pass y est nécessaire. Est-ce que le pass sanitaire est un tuele-commerce ? La réponse est oui. Incontestablement.
Des clients d’avant ne consomment plus ?
Ce n’est pas qu’ils ne consomment plus : ils consomment ailleurs. Il ne s’agit pas de dire que cela empêche la consommation. Si vous avez besoin de manger ou besoin d’un vêtement, vous irez. Après, il y a des occasions de consommation moins indispensables, moins nécessaires, qui sont pénalisées à court terme parce qu’on se dit que l’on attendra.
Comment la grande distribution devra-t-elle s’organiser pour faire revenir les clients envolés ?
Quand on enlève des contraintes, on se rend compte que, très vite, les habitudes d’avant reprennent le dessus. On l’a vu après les premiers confinements : les hypermarchés avaient été désertés, mais les consommateurs ont retrouvé leur chemin, sans qu’on aille les chercher. Donc, la question qui se pose n’est pas tant de savoir comment on fera revenir les clients après, mais comment, malgré tout, on arrive à vivre, voire à survivre, quand on perd % de son chiffre d’affaires. Cela modifie totalement l’équation économique d’un magasin.