Pénurie de moniteurs : ça bouchonne en auto-écoles
Depuis plus d’un an, les auto-écoles d’antibes, Cannes et Grasse déplorent un manque d’enseignants. La faute aux formations, devenues plus coûteuses et moins nombreuses...
Attention, pénurie au tournant ! Les autoécoles saturent. La faute à un manque d’enseignants de la conduite sur l’ensemble du département, depuis plus d’un an.
La tête dans le guidon, Raphaël Lavenne, directeur des établissements Raphaël à Pégomas et Mouans-sartoux, a dû annuler ses vacances. « Il y a tellement de travail que je ne peux pas partir, souffle-t-il, sous le regard peiné de ses employés. Eux peuvent prendre des congés. C’est la loi, je ne peux pas leur refuser. Mais moi...» Si Raphaël Lavenne ferme boutique, ce sont plus de 250 élèves laissés sur le trottoir. « Ils veulent tous passer le permis rapidement, alors on enchaîne les heures. Mais on sature. Il nous manque quelqu’un. »
« Pas le temps de les former »
Même son de cloche à Antibes. Olivier Milius, directeur de l’auto-école 3000, aimerait bien compléter son équipe. Mais ce dernier s’est résigné. À la place, il a préféré « réduire le nombre d’inscriptions. On appréhende presque les nouveaux élèves parce qu’on sait qu’on n’aura pas le temps de les former, se désole-t-il. Or, apprendre la conduite demande du temps. »
Ce n’est pas faute d’avoir essayé de recruter. Pour son auto-école We Cannes, Véronique Portesmouth a partagé une annonce sur Printel, plateforme qui relie les auto-écoles à la préfecture, sur les réseaux sociaux et sur les sites d’offre d’emploi. Elle a même téléphoné aux centres de formation. « Les candidats prêts à l’emploi sont tous arrachés à la sortie des centres de formation ! », affirme-t-elle. Raphaël Lavenne, lui, a trouvé un candidat à l’embauche : Dylan Le Came, l’un de ses deux secrétaires. Problème résolu ?
Plus de 10 000 euros la formation
« J’en rêve, mais ça me coûterait trop cher. En plus de lui verser son salaire, je devrais financer sa formation d’enseignant à la conduite et embaucher une personne pour le remplacer, désespère Raphaël Lavenne. Avant, certains organismes m’auraient aidé à payer. Maintenant, ils ne veulent plus ! »
Obtenir le titre professionnel d’enseignant de la conduite et de la sécurité routière (ECSR) nécessite une formation à temps plein, d’une durée de 9 mois environ, entre 10 000 et 12 000 euros. Si l’on en croit David Morisson, responsable développement au centre de formation AFTRAL PACA, les prétendants ne se bousculent pas : « Cette année, un seul stage avec une dizaine de participants dans la région a été organisé. » Celui-ci se terminera en décembre. Pourquoi n’y a-t-il pas d’autres sessions ? « Puisqu’elles coûtent très cher, nous sommes dépendants des financeurs publics », déclare ce dernier.