Accident de TGV en : la SNCF devant la justice ?
Onze personnes étaient mortes et quarante-deux blessées du fait d’une vitesse excessive lors du dernier test de la LGV Est.
Près de six ans après le déraillement d’un TGV d’essai qui avait fait onze morts et 42 blessés à Eckwersheim (Bas-rhin), le parquet de Paris a requis le renvoi en procès de la SNCF, deux filiales et trois de leurs employés.
Il demande que la SNCF, ses filiales Systra (commanditaire des essais) et SNCF Réseau (gestionnaire des voies) ainsi que trois employés soient jugés pour « blessures et homicides involontaires par maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ». La décision finale sur la tenue d’un procès revient désormais aux juges d’instruction du pôle « accidents collectifs » du tribunal judiciaire de Paris.
Le 14 novembre 2015, 53 personnes, des salariés du monde ferroviaire et des membres de leur famille, dont quatre enfants, avaient pris place à bord de la rame pour l’ultime test du tronçon de la nouvelle ligne à grande vitesse (LGV) entre Vaires-sur-marne (Seine-et-marne) et Vendenheim (Bas-rhin).
Le freinage déclenché trop tard
Mais peu après 15 heures, au niveau d’eckwersheim, à 20 km de Strasbourg, le train avait abordé une courbe à 265 km/h, très largement au-dessus des 176 km/h prévus. Il avait déraillé 200 mètres plus loin, avant de percuter un pont et de basculer dans le canal de la Marne au Rhin.
Onze personnes, toutes adultes, étaient décédées et 42 avaient été blessées, dont certaines grièvement, dans ce premier déraillement mortel de l’histoire du train à grande vitesse depuis sa mise en service en 1981.
« Les experts ferroviaires ont conclu que le basculement puis le déraillement du train avaient été le résultat d’une circulation à une vitesse excessive ayant pour cause directe l’enclenchement tardif du freinage maximal », est-il souligné dans le réquisitoire définitif du parquet. Qui estime que ces manquements sont imputables « à la fois à l’équipe de conduite mais aussi » à la SNCF et ses deux filiales.
Le parquet reproche notamment aux trois sociétés ferroviaires « l’absence de prise en compte [du] risque pourtant évident » de déraillement lors des «essais de montée en vitesse » et « l’absence de formation » du personnel sur le sujet. Outre des « consignes d’essais lacunaires » , le « choix de vitesse » de la rame sur cette portion, défini par Systra et non réadapté par la SNCF, était « dangereux et non nécessaire ».