Nice-Matin (Cannes)

Bernard Brochand assiste en direct à la tragédie

Le député et ancien maire de était à New York ce jour-là. Il a vu l’impact du second avion et s’est occupé du rapatrieme­nt de 170 Français et Européens avec l’appui de son ami président de l’époque, Jacques Chirac.

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

En ce 11 septembre 2001, Bernard Brochand, 62 ans, se trouve sur la 45e avenue, dans les étages supérieurs d’un gratte-ciel. Il préside un conseil d’administra­tion décisif dans sa vie profession­nelle. Ce Niçois de naissance, Cannois de coeur et d’adoption, quitte son poste de président du directoire de DDB Worldwide. Et pour cause. Six mois plus tôt, le 18 mars, il a été élu maire de Cannes. Et même député, le 2 avril.

Alors qu’une carrière politique s’ouvre à lui en France, il passe le relais au nouveau président de la DDB Worldwide. « Soudain, en plein milieu de la matinée, un de nos employés est entré dans la pièce pour nous annoncer l’horrible nouvelle », témoigne Bernard Brochand. Tous se précipiten­t aux fenêtres. « Juste à temps pour assister, impuissant­s, à l’impact de l’avion dans la seconde tour. » Certains des clients de la société sont au nombre des malheureux qui se trouvent dans le World Trade Center. « Notre inquiétude était inimaginab­le. »

L’ancien maire de Cannes se remémore

(1) les pleurs, l’angoisse. La presqu’île de Manhattan, recouverte d’un épais nuage de poussière qui attaque à la gorge, est bouclée. « Big Apple » est quasi figée, à l’exception de Manhattan où les secours affluent, au milieu de gens paniqués qui tentent de fuir. Au bout d’une heure, dans la tour de Bernard Brochand, chacun se reprend. « C’est là qu’on voit qu’on est aux États-unis, le pragmatism­e revient vite. »

Le coup de fil de Jacques Chirac

Des tâches sont assignées à chacun, en fonction de sa zone géographiq­ue et de ses connaissan­ces. « J’ai contacté Jacques Chirac, alors président de la République et ami de longue date, pour lui dire que j’étais là. Les aéroports de New York étaient fermés et aucun avion ne décollait. J’ai donc organisé le transfert de 170 Européens, dont nombre de Français. Il s’agissait de gens qui travaillai­ent dans les tours, ou de clients. Dans le climat de peur post-attentat, ils voulaient retourner près des leurs au plus vite. Trois jours après, nous sommes partis en train jusqu’à Washington. Un avion d’air France envoyé par Jacques Chirac nous y attendait. » Des 48 heures passées à New York après l’attentat, Bernard Brochand retient le climat de peur, mais également le sentiment de vengeance qui s’est emparé d’une partie de la population. Il se souvient de ces pompiers en interventi­on, fonçant jour et nuit vers les restes des tours jumelles pour tenter de sauver des blessés. Des héros applaudis par la population. «Cequiaété le plus déroutant lors de ces quelques jours interminab­les entre les attentats et notre départ, c’est le silence de la ville de New York, où seules les sirènes des pompiers rythmaient un semblant de vie. »

« Presque pris pour des terroriste­s »

Lors de leur arrivée à l’aéroport de Washington, il a fallu encore plusieurs heures d’attente. « C’était le temps pour les contrôles de sécurité et de vérificati­on d’identité par les services américains. C’est limite s’ils ne nous prenaient pas pour des terroriste­s. »

De cette période sombre de l’histoire internatio­nale, Bernard Brochand, 83 ans aujourd’hui, retient la sensation de basculemen­t dans une nouvelle ère. « Quand je vois ce qu’il se passe en Afghanista­n, toutes ces personnes qui tentent de fuir Kaboul, je ne peux m’empêcher de repenser à tout ça. » 1. De 2001 à 2014.

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(Photo Clément Tiberghien) Bernard Brochand, député et ancien maire de Cannes, a vécu le drame depuis son bureau du centre de Manhattan.

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