Nice-Matin (Cannes)

La semaine vagabonde de Denis Carreaux

- Directeur des rédactions du groupe Nice-matin edito@nicematin.fr

Lundi

Zemmour et la machine à broyer. Conversati­on avec Franz-olivier Giesbert, en marge du déjeuner de presse du Festival du livre de Nice. Toujours aussi volubile, FOG le Méditerran­éen dit son amour pour Marseille, où il vit, Toulon, cette

« ville moche » à laquelle il trouve tant de charme, et Nice, dont il ne se lasse jamais. Entre artichauts panés et poisson au four, la discussion bifurque vers Éric Zemmour, qui doit venir présenter son nouvel ouvrage en grande pompe le  septembre à Nice, pas très loin du Festival du livre. « C’est moi qui l’ai embauché au Figaro, se souvient FOG. Il arrivait d’infomatin, le journal d’andré Rousselet (fondateur de Canal + et intime de Mitterrand, Ndlr). Zemmour était déjà brillant, mais un brin socialisan­t et totalement déconnecté des réalités. Je l’ai rapidement envoyé faire un tour de France du vote FN », s’amuse l’éditoriali­ste du Point, toujours sceptique quant aux ambitions présidenti­elles de son ancien protégé. «Ilvavoirce­quec’est!» avertit Giesbert, persuadé que le polémiste au million de téléspecta­teurs sur Cnews ne sortira pas indemne de la machine à broyer de la présidenti­elle. « Il risque de tout perdre. Mais il perdra avec panache» , prédit FOG.

Mardi

Opium en ligne. Difficile à concevoir dans un pays où on s’égosille dans les manifs en criant sans honte à la dictature. En Chine, on ne perd pas de temps en pédagogie. On interdit. Prenez les jeux vidéo en ligne qui, ici comme là-bas, valent nuits blanches et yeux rouges aux adolescent­s. Considéran­t qu’ils constituen­t un « opium mental» , l’équivalent de notre Conseil supérieur de l’audiovisue­l (CSA) a décidé de limiter leur utilisatio­n par les mineurs à une heure par jour, uniquement les vendredis, samedis et dimanches. Pour espérer jouer, les ados doivent présenter une carte d’identité. Mais pas question de truander en exhibant celle des parents, le plus gros éditeur chinois a mis au point un système de reconnaiss­ance faciale qui bloque illico toute connexion aux mineurs. Elle n’est pas si mal, notre dictature, non ?

Mercredi

Macron au contact. Un Président plongeant dans l’arène au milieu de la foule fiévreuse d’un quartier dans lequel aucun de ses prédécesse­urs n’avait jamais osé mettre les pieds : l’image est aussi symbolique que l’opération de com grossière à huit mois de la présidenti­elle. Il n’empêche. On ne pourra pas dire qu’emmanuel Macron ne mouille pas la chemise, enfermé dans sa tour d’ivoire à éplucher les notes de conseiller­s hors-sol. Ce n’est pas feint, le chef de l’état adore se mettre à portée de main, de selfie, de gifle et d’engueulade, comme ce soir dans la cité Bassens, enclave abandonnée des quartiers Nord.

Personne ne le conteste, Emmanuel Macron aime Marseille, s’épanouit au contact de ces gens du Sud sans chichis et sans filtre qui l’accueillen­t comme une star de L’OM. Au premier de ses trois jours de visite, les bras chargés de millions, c’est carrément lui le maire de Marseille. Est-ce le rôle d’un président de la République ? C’est une autre histoire...

Jeudi

Mauvais genre à la récré. De l’intention louable à l’idéologie bête et méchante, la frontière est parfois ténue. Histoire d’éviter que les garçons ne monopolise­nt l’espace au détriment des filles, la cour de l’école La Sauvagère, à Lyon, a été

« dégenrée » pendant l’été. Les buts de foot remplacés par quelques copeaux de bois et un monceau de terre. En ce jour de rentrée, ce changement n’est pas vraiment du goût d’un écolier qui, pas démonté, recadre le maire EELV Grégory Doucet devant les caméras. «Moi,je voulais des cages et un ballon de foot. Et comme par hasard, y’a rien ! » déplore le garçonnet, clouant le bec à l’édile. Comme ses homologues Verts de Grenoble et Bordeaux, le maire de Lyon entend casser les stéréotype­s de genre en mettant de l’ordre dans les cours de récré. Un pas de géant vers l’égalité femme-homme ?

Vendredi

Coup de mou. Encore une preuve que notre douce France est bien sur la voie du déclin. L’enquête de l’ifop, « Observatoi­re de la sexualité féminine », révélée par Le Parisien, nous apprend que les femmes françaises figurent parmi les Européenne­s les moins satisfaite­s au lit.  % reconnaiss­ent avoir la libido en berne et  % avouent même être « sexuelleme­nt inactives ». Il faut dire que l’air du temps, plutôt anxiogène, n’incite pas franchemen­t à la bagatelle. À l’exception de l’espagne, contrée décidément très olé olé, la même tendance est observée partout en Europe. Les hommes n’ont pas de quoi être fiers.  % des Françaises estiment que leur conjoint n’est pas assez attentif à leur plaisir, et un tiers d’entre elles considèren­t que le non-respect de l’idéal d’égalité entre les sexes contribue à ce mal-être sexuel. Messieurs, il est grand temps de se réveiller !

Samedi

Quand les jeunes montrent la voie. Déambulati­on dans les allées du congrès mondial de la nature à Marseille. L’événement est considérab­le et l’enjeu vertigineu­x. Invitée d’une table ronde organisée par Nice-matin et le collectif de femmes « Nous, les ambitieuse­s », la secrétaire d’état à la Jeunesse et à l’engagement Sarah El Haïry délivre un message optimiste. À ses yeux, la plupart des jeunes ont tout compris. « Quitte à baisser leur salaire, certains sont prêts à quitter une entreprise pas assez engagée sur les sujets environnem­entaux ». Parmi les intervenan­ts, le directeur RSE de Nestlé France, Christophe Klotz, confirme. « Les jeunes nous bousculent de plus en plus. Et ils ont raison ! »

« Zemmour risque de tout perdre. Mais il perdra avec panache »

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