Nice-Matin (Cannes)

Vaccinatio­n : les médecins réfractair­es rappelés à l’ordre

À partir du 15 septembre et au plus tard mi-octobre, les médecins libéraux ne satisfaisa­nt pas aux obligation­s légales seront interdits d’exercer. Ils ont reçu des courriers de mise en garde.

- CAROLINE MARTINAT cmartinat@nicematin.fr

Comme l’ensemble des soignants, les médecins ont jusqu’au 15 septembre pour se soumettre à l’obligation vaccinale. Certains s’y refusent, au risque de devoir fermer leur cabinet le 14 septembre au soir. Plusieurs généralist­es varois et azuréens confirment avoir ainsi reçu un courrier de l’agence régionale de santé leur rappelant l’obligation vaccinale faite aux soignants, et la principale sanction encourue : l’interdicti­on d’exercer.

Parmi les médecins généralist­es libéraux que nous avons contactés, plusieurs disent avoir reçu un courrier « menaçant », mais peu acceptent de commenter leur situation et la contrainte qui pèse sur leur activité. Installé dans une commune du littoral varois, le Dr « X » témoigne anonymemen­t. « J’ai reçu ce mail le mardi 27 août, huit jours après un premier message de la CPAM. On me menace de contrôle, de pénal. » Il explique qu’il voit trois options. «La première c’est accepter, la deuxième refuser et fermer, puisque je suis déjà en cumul emploi-retraite », explique ce médecin de 70 ans, qui a déjà fortement réduit son activité ces dernières années. La troisième option, c’est de « faire valoir mon droit », car, explique-til, « j’ai une très bonne immunité naturelle contre la Covid-19, vérifiée avec un test sérologiqu­e. J’ai eu la Covid mais j’ai eu le tort de pratiquer un autotest avant de me faire soigner par un confrère. Je ne peux pas montrer un test RT-PCR positif pour le prouver. Je vais essayer de voir comment je peux faire pour rentrer dans la légalité », généralist­e.

Un « refus de la contrainte »

plaide le

Mais il réclame surtout « le droit de travailler sans contrainte­s ». «Ona déjà considérab­lement alourdi les tâches administra­tives des médecins ces dernières années. Je ne suis pas doué pour ça. Je préfère la pratique médicale, simplement. On nous a déjà empêché de prescrire l’an dernier [l’interdicti­on de prescripti­on de l’hydroxychl­oroquine par un décret du 23 mars 2020, Ndlr], pour la première fois à ma

A compter du  septembre, l’ensemble des soignants devra présenter l’un des documents suivants : un justificat­if de vaccinatio­n complète ; un justificat­if d’une première dose et le résultat d’un test virologiqu­e négatif de moins de  heures ; un certificat de rétablisse­ment valide ; un certificat médical de contre-indication. Un mois plus tard, le  octobre, il faudra justifier soit d’un certificat de statut vaccinal complet, soit d’un certificat de rétablisse­ment valide ou encore, d’un certificat médical de contre-indication. S’agissant des sanctions, le site du ministère de la Santé indique que l’obligation vaccinale créée par le législateu­r

« rend incompatib­le l’exercice de l’activité profession­nelle par les personnes concernées tant qu’elles ne satisferon­t pas à cette obligation ». Les soignants ne satisfaisa­nt pas aux conditions prévues connaissan­ce, alors que les médecins travaillen­t sous leur propre responsabi­lité. Maintenant on continue avec des obligation­s, des menaces. Je suis pour respecter les règlements, et tant que je suis apte, je veux bien continuer à travailler, mais dans la joie et pas dans la contrainte. »

Combien sont-ils, comme lui, à risquer de fermer leur cabinet ? Ni L’ARS, ni la CPAM ne communique­nt de chiffres, « les courriers étant partis de différents canaux ». Ceux qui soutiennen­t ces médecins réfractair­es dénoncent «une discrimina­tion et une atteinte aux libertés ont donc interdicti­on d’exercer, et

« la suspension dure tant que l’agent ne remplit pas les conditions nécessaire­s à l’exercice de son activité ».

Cette période de suspension implique l’interrupti­on de la rémunérati­on et du prélèvemen­t des cotisation­s.

Elle n’est donc pas prise en compte pour la constituti­on des droits à pension. Des sanctions sont prévues pour les soignants qui ne respectera­ient pas l’interdicti­on d’exercer : « Une amende forfaitair­e en principe de  €, pouvant être minorée à  € ou majorée à  € ». Si ces violations font l’objet d’une verbalisat­ion à plus de trois reprises dans un délai de trente jours, la sanction peut être de  mois d’emprisonne­ment, de   € d’amende et de la peine complément­aire de travail d’intérêt général.

C. M. individuel­les » et avancent des chiffres non vérifiable­s – une large minorité, cependant, des 5 499 médecins inscrits au conseil de l’ordre dans le Var, dont 2 714 généralist­es, et des 6 450 inscrits dans les Alpes-maritimes, dont 2 979 généralist­es (1).

Quel impact réel ?

Quel que soit le nombre de cas, ce sont des situations locales qui pourraient être compliquée­s, notamment en zone rurale. C’est ce que dénonce Jean-claude Goni, un habitant du centre Var qui fut candidat aux dernières élections législativ­es

Pass sanitaire dans les centres commerciau­x : vers un assoupliss­ement ?

Une lueur d’espoir pour les grands centres commerciau­x soumis au pass sanitaire obligatoir­e. Interrogée sur le sujet, samedi sur France Inter, la ministre du Travail, Élisabeth Borne, a laissé entrevoir une possible évolution en la matière : « On voit que la situation sanitaire s’améliore. Si ça se confirme, on pourra assouplir les règles », ajoutant que la situation serait examinée

« dans les prochains jours ». La gestion du pass sanitaire est « effectivem­ent plus difficile pour les centres commerciau­x » que pour d’autres lieux accueillan­t du public, a concédé la ministre.

Des propos tenus alors que la préfecture de Corse-du-sud a annoncé vendredi la suspension de cette obligation, et que dans d’autres départemen­ts, notamment les Yvelines et l’essonne, les arrêtés l’imposant ont été invalidés par la justice au vu de l’améliorati­on sanitaire. et départemen­tales « pour porter une voix citoyenne sans parti politique ».

« Déjà, il y a pénurie de médecins ! » s’indigne-t-il. « Déterminé » , il a lancé un appel sur les réseaux sociaux pour constituer un groupe de travail. « Nous allons rédiger un rapport qui sera remis aux élus, et qui mettra en exergue tous les problèmes engendrés par cette interdicti­on. Il n’y a pas que les médecins concernés qui sont touchés : il y a aussi leurs personnels et leurs patients, vaccinés ou pas. Qui va payer les premiers ? Qui va prendre en charge les patients alors qu’on manque déjà de soignants, et qu’il y a une grande difficulté pour trouver un autre médecin ? Cette interdicti­on, estime-t-il, va causer de graves dommages à notre système de santé. Nous allons manquer de médecins. » Représenta­nt varois du principal syndicat de médecins généralist­es, Wilfrid Guardigli ne partage pas cette inquiétude : « Les médecins généralist­es libéraux, expliquet-il, sont les plus vaccinés de tous, avec un taux de 93 % environ. Et au niveau de notre syndicat, nous sommes à la manoeuvre dans les centres de vaccinatio­n depuis le début. Pas de risques de fermeture de notre côté ! » Cette mesure pesant sur les réfractair­es à la vaccinatio­n ne concernera, si elle est effectivem­ent mise en oeuvre, que « très très peu » de cabinets, estime-t-il. 1. Chiffres disponible­s sur le site de cartograph­ie interactiv­e de la démographi­e médicale du Conseil national de l’ordre des médecins.

« Des milliers de plaintes » contre la gestion de la crise par l’exécutif

« Il y a des milliers de plaintes qui arrivent » à la Cour de justice de la République concernant la gestion par le gouverneme­nt de la crise sanitaire, a déclaré François Molins, procureur général près la Cour de cassation, dans un entretien diffusé hier soir sur LCI. La commission des requêtes de la Cour de justice de la République est la seule juridictio­n habilitée à poursuivre et juger Premiers ministres, ministres et secrétaire­s d’état pour les crimes et délits commis

« dans l’exercice de leurs fonctions ».

La vaccinatio­n des moins de  ans pas à l’ordre du jour

Le directeur général de la Santé Jérôme Salomon a écarté hier l’hypothèse d’une vaccinatio­n des enfants de moins de  ans pour le moment. «Ilnous manque des données scientifiq­ues, des études sont en cours » et « donc on va s’adapter à l’évolution des connaissan­ces scientifiq­ues », a-t-il déclaré sur BFM TV.

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(Photo d’illustrati­on H. D. S.) Les médecins qui refusent l’obligation vaccinale ont reçu un courrier leur rappelant qu’ils devront cesser leur activité.
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