Nice-Matin (Cannes)

Noyés du Dramont : un accident et des questions

- GRÉGORY PARIGI gparigi@nicematin.fr

Deux semaines après que cinq jeunes ont trouvé la mort lors de la chute de leur véhicule dans le lac de St-raphaël, l’enquête se poursuit. Si la cause accidentel­le ne semble guère faire de doute, les proches de Léa, Aurélien, Solal, Eliott et Youssouf sont en quête de réponses.

C’est un fait divers qui a choqué au-delà du Var, au coeur de l’été. Le mercredi 18 août, à la mi-journée, des plongeurs de la brigade de gendarmeri­e nautique des Issambres remontaien­t à la surface de l’un des deux lacs du Dramont, à l’est de Saint-raphaël, une Seat Ibiza blanche et les corps sans vie de ses cinq occupants. Cinq jeunes âgés d’environ 20 ans, dont les proches avaient signalé la disparitio­n au commissari­at de Fréjus la veille au soir.

C’est au terme d’une enquête éclair menée en quelques heures par la police nationale (notamment grâce à l’exploitati­on des données de localisati­on des téléphones portables, et à des témoignage­s d’amis qui avaient passé une partie de la soirée de lundi à mardi avec le groupe) que les cinq victimes ont pu être localisées. Il s’agissait d’eliott, Youssouf, Solal, Aurélien et Léa.

Une mauvaise manoeuvre ?

Les trois premiers étaient originaire­s de la région parisienne, et leurs obsèques ont été célébrées cette semaine. Les deux derniers étaient varois et vivaient respective­ment à Roquebrune-sur-argens et Saint-paul-en-forêt.

Une marche blanche a été organisée en leur mémoire le vendredi 27 août. Cinq jeunes comme les autres, qui aimaient la vie et qui sont morts dans un accident aussi brutal qu’injuste.

Au fur et à mesure que l’enquête progresse et que la parole se libère, la piste accidentel­le, privilégié­e depuis le début par les enquêteurs et par les proches des victimes, semble de plus en plus certaine. Ce serait une malheureus­e fausse manoeuvre qui aurait entraîné la chute dans les eaux du lac. Au terme d’une soirée festive durant laquelle certains membres du groupe auraient pu consommer de l’alcool, voire du cannabis, alors que la voiture était stationnée face au précipice, à plusieurs mètres du bord, le conducteur aurait pu enclencher la première au lieu de la marche arrière.

Une erreur de conduite d’autant plus possible que, sur ce modèle de véhicule, il faut enfoncer le levier de vitesse vers le bas pour actionner la marche arrière, qui est située en haut à gauche de la grille, près de la première vitesse. Selon nos informatio­ns, la première était bel et bien engagée.

Une chute de  mètres

En tombant dans le vide par l’avant, le véhicule a basculé. C’est sur le toit qu’il a heurté l’eau, dix mètres plus bas, avant de couler au fond du lac, par sept mètres de profondeur. Le choc a écrasé l’habitacle, rendant l’ouverture des portières impossible.

Selon nos informatio­ns, les autopsies, réalisées la semaine dernière dans l’un des hôpitaux du CHU de Nice ont confirmé que les décès étaient consécutif­s à une noyade. En revanche, les résultats des analyses toxicologi­ques, qui peuvent prendre plusieurs semaines, ne sont pas connus. Tombé dans la nuit de lundi à mardi vers 2 heures ou 3 heures du matin, le véhicule est resté immergé plus d’une journée (jusqu’au mercredi matin), dans ce lac dont les abords sont assez fréquentés par les promeneurs, sans que personne ne s’en aperçoive.

Un site naturel assez fréquenté

Si une erreur du conducteur semble être en cause, certains proches des victimes s’interrogen­t sur la qualité de la sécurisati­on des abords de cette ancienne carrière. Le groupe de jeunes a pu accéder au site en voiture, et cela malgré la présence d’une barrière métallique… Le mardi 31 août, nous avons pu constater qu’elle était ouverte. L’était-elle aussi le soir de l’accident ?

Comble de malchance, le véhicule des cinq jeunes était stationné à un endroit où le rebord n’était pas protégé par les gros rondins de bois fixés au sol que l’on trouve en divers endroits sur le site. Ce dispositif rudimentai­re mais efficace permet d’éviter qu’un véhicule ne bascule dans le vide.

Le site est assez fréquenté, et avant ce drame, aucun accident mortel ou impliquant un véhicule ne s’était déroulé ici. Ce qui laisse penser à certains que la sécurisati­on du site n’est pas en cause.

Interrogé par Var-matin, le maire de Saint-raphaël, Frédéric Masquelier, qui était présent sur place auprès des familles le jour de la découverte des corps, ne souhaite pas « s’exprimer sur cet accident dramatique qui a suscité beaucoup d’émotion » et exprime « tout [son] respect pour le deuil des familles ».

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(Photo Philippe Arnassan) Sur le site, des fleurs et beaucoup de questions.
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