Nice-Matin (Cannes)

Revenir aux fondamenta­ux

- C. ROUX

Si Hugo Lloris avait été le capitaine du XV de France, voilà, en substance, ce qu’il aurait pu balancer aux médias samedi soir. « Il va falloir se filer, revenir aux fondamenta­ux et se sortir les tripes ». Avec un discours plus musclé que d’ordinaire, le Niçois a pointé du doigt le problème numéro  des Bleus : le collectif. Aujourd’hui, il n’y en a plus. La force du Mondial  s’est brisée aussi vite que l’équipe de France s’est embourgeoi­sée. En cette fin d’été, une somme d’individual­ités a tué la notion de groupe. Peu sont ceux qui courent pour le copain et ne mettent pas leur ego en pole position. Le retour de Benzema a bousculé les équilibres fragiles qui régissent un vestiaire. Le Madrilène est irréprocha­ble dans l’attitude, mais son come-back a modifié le comporteme­nt de certains, qui craignent de ne plus être la tête de gondole. Mbappé ? Il ne porte plus le maillot bleu mais la cape de Superman, pensant gagner les matchs en empilant les passements de jambes. Il veut tout faire seul comme un grand, mais ce chemin mène à une impasse. Pogba ?

Il se prend pour un ‘‘quarterbac­k’’, veut lancer chaque action et réclame le leadership. Sans lui, le jeu tricolore serait encore plus fade qu’il ne l’est déjà, c’est vrai, mais il force parfois avec des ouvertures systématiq­ues et lisibles. S’il respecte le jeu et renoue avec la simplicité, l’efficacité suivra. C’est un maillon fort de l’animation, pas le meneur de jeu. C’est seulement ainsi qu’il retrouvera son rôle de leader positif, celui de la campagne de Russie. Quant à Griezmann, il s’est effacé. Son influence a chuté, c’est incontesta­ble, et on en vient à s’interroger sur sa magie perdue. Les critiques visent même son apport défensif, jugé trop important. Cette dernière pique est audacieuse, parce qu’un attaquant qui tacle a toujours raison. S’il doit se faire violence, il ne faut pas oublier que le natif de Mâcon a toujours servi le collectif, lui. Comme un certain Giroud, qu’il serait peut-être bon de rappeler. Et son utilisatio­n sur le côté, comme ce fut le cas à Kiev en première période ou à l’euro, impacte son expression. « DD » sait que Grizou rayonne dans un rôle de neuf et demi, mais il l’excentre pour aligner la MBG. Le sélectionn­eur a sacrifié son pragmatism­e sur l’autel du beau jeu réclamé. Griezmann doit reprendre sa juste place, comme chaque élément d’une escouade qui doit revenir aux fondamenta­ux, se rappeler du passé et s’inspirer de Tchouaméni. Quand les cadres et l’expérience divaguent, il faut parfois chercher l’exemple chez la jeunesse. Les débats autour de la meilleure attaque du monde et des schémas tactiques n’ont de valeur que si les bases sont appliquées. Sacrifice, travail et altruisme doivent redevenir la norme. Des évidences qu’il est utile de rappeler.

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