Une mort au paradis
« Quel épouvantable drame, comment peut-on mourir, si jeunes, dans ces conditions ? » Une randonneuse d’une soixantaine d’années s’arrête quelques instants là où la Seat Ibiza blanche a basculé.
À cet endroit – une aire naturelle assez large sous les arbres –, quelques racines de pins semblent vouloir s’extirper du sol couvert d’épines séchées et de terre brune. Juste après, le vide, et un à-pic vers les eaux d’un bleu profond, une dizaine de mètres plus bas. «Reposez en paix. Que Dieu leur ouvre les portes du paradis. Eliott, Aurélien, Youssouf, Léa, Solal. »
Sur le tronc d’arbre le plus proche, des messages et des fleurs encore fraîches sont attachés. Des mots d’amour, de tendresse, d’amitié, de désespoir, plastifiés pour résister à la pluie. L’endroit nourrit un sentiment de malaise. Comment peut-on mourir dans un cadre aussi idyllique ? À contempler cette échancrure entre les pins, ce point de vue sublime sur le lac, on comprend que des jeunes aient envie de se « caler » là, pour une soirée entre amis.
Si on tourne le dos à la scène, et au lac, on aperçoit, juste après les rails de chemin de fer, la Méditerranée, les roches rouges de la plage du Dramont. « Comment se fait-il que ce ne soit pas sécurisé ? », s’interrogent deux Raphaëlois en montrant le vide. Tous deux habitent ici depuis trente ans. « Il y a des clôtures en bois tout le long, mais rien là... C’est pourtant dangereux... » Quinze jours après le drame, tant de questions, si peu de réponses.