La valse du lavoir de la Foux
Au XIXE siècle se constitue, à Grasse, un important réseau de fontaines et de lavoirs, au coeur des différents quartiers. Faisant suite aux multiples pétitions des habitants bientôt confortées par un décret impérial de 1851, la cité des parfums, à l’image des autres villes françaises, réserve aussitôt une place de choix à ces édifices publics qui permettent aux ménagères de s’adonner à leur lessive avec un maximum d’hygiène.
Aussi, l’emplacement des lavoirs est-il toujours choisi avec soin pour répondre aux besoins des différents secteurs urbains. Alimentés par des sources, dont la plus importante demeure la Foux, les lavoirs sont souvent associés à une fontaine et se trouvent à proximité des anciens remparts pour faciliter l’étendage et le séchage du linge.
Lieu de sociabilité
Ils deviennent rapidement des lieux de sociabilité. Si les femmes s’y rendent pour leur lessive, les hommes s’y arrêtent pour se désaltérer et permettre à leur cheval ou leur âne de s’abreuver.
Le premier lavoir de la Foux remonte au XVIIIE siècle. Restauré en 1852, il se trouve en travers de la nouvelle route de Vence, aménagée en 1889.
Profitant de l’inauguration du canal du Foulon, les édiles en profitent pour le déplacer au carrefour de la Croix, sur la route de Saint-vallier (ancien hôtel des Parfums). De dimensions impressionnantes, le lavoir peut accueillir plus de quatrevingts lavandières et il possède sa propre buanderie.
Il pose cependant très vite un problème de salubrité public et, en 1892, on décide de le déplacer à nouveau. En 1913, le docteur Perrimond, premier adjoint au maire, précise dans un communiqué circonstancié « qu’il y a un immense danger public en raison du marché aux bestiaux qui s’y tient à côté et qui peut devenir une source de contamination importante ».
Place du théâtre
Le lavoir se retrouve, in fine, sur l’emplacement de l’ancien Monoprix et l’actuel théâtre.
Nombre de personnes s’offusquent alors de la présence de ces lavoirs urbains. Henriette Dulac, une aristocrate qui vient souvent se reposer à Grasse, trouve étrange «la présence de lavoirs publics et découverts en pleine ville ». Elle l’écrit à son mari en 1876. Il est évident que la lessive ne fait pas partie de son quotidien !
Aujourd’hui, à l’ère du robinet, du lave-linge et du mitigeur, ne pas avoir d’eau courante ne frappe pas les esprits. Ces anciens points d’eau qui évoquent la peine et le dur labeur des anciens méritent bien un autre regard.