Un dépanneur h sur aux méthodes contestées
Des absences de devis ou des factures de réparations aux montants délirants, des pannes provoquées, des changements inutiles de matériels prétendument défectueux, des propos rassurants sur la prise en charge supposée des travaux par les assurances…
La liste des griefs reprochés à la société niçoise Maurel, installée boulevard de La Madeleine à Nice, et à son gérant Wissem G., est interminable. L’entreprise se targue de dépanner 24 h sur 24, 7 jours sur 7 en plomberie, serrurerie, électricité, vitrerie. Mais le parquet n’est pas du tout d’accord avec les méthodes de cette entreprise prospère.
Le gérant, déjà condamné par le passé pour des escroqueries et des pratiques commerciales trompeuses, a été laissé libre sous contrôle judiciaire. Il lui est interdit de quitter le territoire national. Il doit pointer chaque semaine au commissariat et n’a pas le droit d’exercer dans le secteur d’activité du dépannage.
La police a déjà recensé une centaine de victimes dont 85 ont d’ores et déjà décidé de se constituer parties civiles en vue de réclamer des dommages et intérêts.
euros versés et pas d’électricité
L’entreprise est accusée à la fois par le procureur et par la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) d’avoir sévi dans le Var, les Alpes-maritimes et Monaco. Gérald, un retraité cannois, raconte sa mésaventure : « Je suis propriétaire d’un studio en location. La locataire, avec un enfant en bas âge, m’a alerté. Elle n’avait plus d’électricité. » C’est là qu’intervient un dépanneur, deux heures après le coup de fil. Il décide de changer l’ensemble du tableau électrique. « Ça ne fonctionnait toujours pas », se souvient Gérald. « Il a alors appelé son supérieur qui a estimé qu’il fallait refaire toute l’installation. J’étais surpris. C’est boulevard des Anglais, dans un immeuble de standing. Ce n’est pas un taudis. » Un devis rétroactif de l’intervention s’élève à 940 euros, que Gérald règle rubis sur l’ongle. L’autre devis pour les travaux à venir s’élève à 1 895 euros. Il exige 900 euros. Le retraité s’exécute.
Trois jours plus tard, un autre réparateur se présente. En 45 minutes, il change deux prises puis s’en va. À 16 heures, la locataire appelle son bailleur : elle n’a toujours pas de courant ! Après plusieurs discussions téléphoniques et l’échec d’une médiation, Gérald a déposé plainte et a été entendu par un enquêteur à la caserne Auvare auquel il a raconté sa mésaventure. « Je lui ai même remis le disjoncteur défectueux comme pièce à conviction », précise le retraité. Certaines victimes, qui ont refusé de payer les réparations, ont fait l’objet de pression voire de menaces. Du coup, le gérant est également poursuivi pour extorsion.