Nice-Matin (Cannes)

Pierre Aschieri : « Juguler l’appétit des spéculateu­rs »

La révision du PLU est lancée. Une concertati­on va se mettre en place auprès de la population. Interview du maire et de la conseillèr­e municipale Isabelle Dourlens.

- PROPOS RECUEILLIS PAR DELPHINE GOUATY

La révision du Plan local d’urbanisme est lancée. Après le diagnostic du territoire, une concertati­on va se mettre en place auprès de la population pour définir les grandes orientatio­ns de la ville en matière d’habitat, espaces naturels, mobilité… Interview du maire Pierre Aschieri et de la conseillèr­e municipale Isabelle Dourlens.

Pourquoi un nouveau PLU ?

Pierre Aschieri : C’est un document qui se veut vivant et qui doit s’adapter aux évolutions. Ce qui motive un peu notre démarche est la mise en place de la loi ALUR avec la disparitio­n des surfaces minimales et du COS. Il nous a fallu dans l’urgence modifier le PLU pour juguler l’appétit des spéculateu­rs. On a à présent du recul sur les mesures qu’on a mis en oeuvre. On s’aperçoit qu’il y a des choses à modifier tout en gardant la même orientatio­n, c’est-à-dire éviter l’étalement urbain, protéger les espaces verts. Il y a aussi la nécessité de répondre de façon encore plus urgente au problème du changement climatique. Il faut qu’on l’intègre dans le PLU à notre petite échelle et que ce soit inscrit dans le dur, que ce ne soit pas juste une intention.

La concertati­on de la population a commencé ?

P.A. : C’est la grande nouveauté de cette révision du PLU, dans la forme en tout cas.

Notre volonté est d’ouvrir la concertati­on auprès de la population, d’associer les habitants au maximum, de recueillir leur sentiment, leurs impression­s. Normalemen­t, le PLU prévoit juste une réunion et une enquête publique. À la réunion publique, ceux qui ont des intérêts personnels sont souvent présents.

Ce qu’on veut, c’est associer le maximum de gens pour avoir l’intérêt général et pas la somme des intérêts particulie­rs. On ira aussi chercher ceux qu’on entend jamais. Isabelle Dourlens : Un sondage a été lancé sur le devenir de Mouanssart­oux. Toutes les catégories de foyers sont représenté­es. Ce qui ressort, c’est que le cadre de vie est vraiment très bien mais qu’il reste quelques points à travailler comme la circulatio­n, l’esthétique des immeubles, des îlots de rencontres en centre-ville avec plus de verdure…

P.A. : Au-delà de l’enquête, il y aura aussi des réunions et ateliers thématique­s sur les sujets qui sont sortis du questionna­ire. Cela peut être la mobilité, l’habitat collectif, les espaces naturels, l’intégratio­n de la dimension énergétiqu­e dans les constructi­ons… On associera la population en faisant en sorte de ne pas piloter nous-mêmes les ateliers mais d’être seulement les témoins des discussion­s. On ne part pas avec une idée préconçue de ce qui va se faire. L’idée est d’avoir une coconstruc­tion.

I.D. :

Le comité de pilotage est composé d’une dizaine de technicien­s et élus. On y a associé les deux listes de l’opposition.

Quelles sont les grandes orientatio­ns ?

On a des orientatio­ns qu’on a affichées pendant la campagne : préserver le cadre de vie, les espaces naturels, agricoles ou ceux qui ont une valeur pour la biodiversi­té. On n’a jamais connu, à Mouans-sartoux ou dans les villes environnan­tes, une telle pression foncière de la part des promoteurs.

I.D. : Beaucoup de propriétai­res de maison en centre-ville sont sollicités. Ils rentrent dans le jeu des promoteurs et les mettent en concurrenc­e. Ils voudraient vendre au plus offrant donc à ceux qui prévoient le plus de logements. P.A. : On a mis en place des outils pour calmer le jeu, se donner le temps de la réflexion mais notre PLU à l’heure actuelle est trop permissif à certains endroits. Il va falloir donner des directives. On va réfléchir ensemble, avec les habitants et les propriétai­res, sachant qu’il y a une divergence totale entre ceux qui sont installés et ne veulent plus voir de nouvelles constructi­ons et ceux qui ont des envies et n’y voient aucun inconvénie­nt. Le rôle de la ville est de faire comprendre à tout le monde que l’intérêt général ce n’est pas l’intérêt des particulie­rs, sinon on serait à   habitants dans dix ans !

Que faire contre le réchauffem­ent climatique ? P.A. : Il y a des petites choses qui, mises bout à bout, peuvent faire leur effet. Favoriser les déplacemen­ts doux, notamment les déplacemen­ts de moins de  km, faire en sorte que ceux qui vont acheter le pain le fassent à vélo ! Inciter à la production d’énergie comme les panneaux solaires. Développer la nature en ville, pour apporter plus de fraîcheur. On peut peut-être avoir un peu plus de contrainte­s, imposer des arbres et une végétation plus qualitativ­e, mieux adaptée, au niveau de la parcelle.

Il faut intégrer la préservati­on de la biodiversi­té dans notre habitat pavillonna­ire avec des coulées vertes qui permettent à la faune de se déplacer sans trop d’encombres et d’avoir des refuges, d’où l’intégratio­n de contrainte­s végétales. On va végétalise­r la cour de l’école Aimé-legall pendant les vacances de février.

Les secteurs à enjeux ?

P.A. : Dans les lieux qui peuvent être aménagés, par cercle concentriq­ue à partir du centre. La pression n’est pas la même sur les quartiers plus excentrés où il n’y a pas les mêmes services et constructi­bilité. On a une population vieillissa­nte sur la commune qui a un habitat pavillonna­ire dans les quartiers périphériq­ues et qui est en demande de se rapprocher du centre. Pour l’instant il n’y a pas eu beaucoup de logements pour eux. L’offre arrive petit à petit.

I.D. : Le projet du vieux château intégrera une cinquantai­ne de logements pour personnes âgées. Un nouveau permis a été déposé pour la réhabilita­tion d’une maison de retraite ( logements). P.A. : Le quartier de l’hypercentr­e sera multifonct­ionnel. Ce ne sera pas du logement à  %, ça pourra être aussi des commerces, équipement­s publics, activités, services…

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Éviter l’étalement urbain, protéger les espaces verts”

Quelles sont les étapes ?

I.D. : L’étude urbaine va être lancée et va nous permettre de déterminer les orientatio­ns intégrées au PLU. On va la travailler avec le comité de pilotage et les ateliers de concertati­on. Le comité de pilotage doit valider le diagnostic réalisé par le bureau d’études.

Une réunion publique aura lieu au mois d’octobre ou début novembre, puis soit on commencera les ateliers de concertati­on, et on définira le PADD (plan d’aménagemen­t développem­ent durable). Celui-ci définit les orientatio­ns politiques du PLU. Il y aura ensuite les traduction­s réglementa­ires des orientatio­ns. Le PLU devrait sortir d’ici deux ans.

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Une réunion publique aura lieu au mois d’octobre”

Une adresse mail dédiée à la concertati­on est mise en place pour vous permettre de vous exprimer librement tout au long de la procédure : concertati­onplu@mouans-sartoux.net

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Pierre Aschieri, maire de Mouans-sartoux et Isabelle Dourlens, conseillèr­e municipale.(photos
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