Nice-Matin (Cannes)

Hommage national

Emmanuel Macron présidera la cérémonie, demain, aux Invalides, à Paris, à la mémoire de la « vedette populaire » disparue à 88 ans.

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Populaire il était, populaire il restera... La France rendra, demain à 16 h 30, un hommage national à Jean-paul Belmondo, un de ses acteurs les plus emblématiq­ues, pleuré par ses pairs comme par le public, avant ses obsèques vendredi. La mort de l’acteur, lundi, à 88 ans, a plongé dans le deuil un pays qui perd une figure familière, incarnant le talent, l’audace et l’insoucianc­e. L’elysée a annoncé, hier, la tenue de cette cérémonie aux Invalides. L’hommage national était à l’origine prévu pour les militaires mais a été étendu aux civils qui ont marqué leur temps, comme Charles Aznavour en octobre 2018.

Les obsèques de l’acteur se dérouleron­t vendredi à 11 heures à Paris, à l’église Saint-germain-des-prés, a annoncé dans la foulée l’avocat de la famille, précisant que la cérémonie serait suivie d’une crémation dans l’intimité.

« Trésor national »

Le président de la République Emmanuel Macron a qualifié, lundi, ce comédien extrêmemen­t aimé de « trésor national, tout en panache et en éclats de rire, le verbe haut et le corps leste ».

« Il sera sûrement solennel parce qu’il doit être. Mais en même temps il va falloir qu’on applaudiss­e très fort », a affirmé l’acteur Jean Dujardin, un des « héritiers » de «Bébel», hier sur BFMTV. «Onperdun guide. Ça a été un guide, Jeanpaul, ça a été quelqu’un qui nous a dit : “Ne vous encombrez pas avec des angoisses, amusez-vous” ».

« Il faudra tous aller aux Invalides parce que c’est là-bas qu’on pensera encore plus fort à lui », a déclaré, également à BFMTV, le délégué général du Festival de Cannes Thierry Frémaux. « Il a enterré tous ses copains, ça l’attristait beaucoup [...] mais là il est parti les rejoindre. »

Brigitte Bardot : «Ilmemanque»

« Je pense à lui, je l’aimais. Il me manque et je n’ai plus envie d’en parler, les grandes douleurs sont muettes », a écrit Brigitte Bardot dans un communiqué transmis par sa fondation.

Même tonalité du côté de L’ARP, l’un des principaux collectifs de cinéastes présidé par Claude Lelouch: «Quand je pense à Jean-paul, je pense sourire, liberté, décontract­ion, travail, déconnade, chahuteur, génial [...] C’est un frère que je perds, un nouveau copain qui s’en va », a réagi le réalisateu­r [lire en page suivante son interview]. Il « a totalement bouleversé l’emploi des jeunes premiers. Avant, c’étaient des grands blonds, un peu raides [rires] et lui est arrivé à la fois avec cette souplesse, ce corps, cette liberté, cette façon d’inventer dans le ciné comme Dustin Hoffman, Al Pacino. Ils ont permis à nous aussi, les petits, les bruns, d’avoir les jolies femmes dans nos bras [rires] », a confié l’acteur-réalisateu­r Daniel Auteuil.

La presse quotidienn­e s’inclinait, hier, devant cette figure qui faisait l’unanimité grâce à l’étendue de son jeu, à son sourire communicat­if et à son aisance dans tous les rôles possibles.

« Ce flic et voyou gouailleur et sentimenta­l, dont le visage représente la Nouvelle Vague comme le cinéma populaire, a servi de portemante­au à tous les costumes du répertoire », commente Libération. Le Parisien, avec une photo en couleurs, salue Le Magnifique. « Il aura durant près de soixante ans offert au cinéma français de genre un corps, une trogne et une voix – une présence sans équivalent », écrit, pour sa part, Le Monde. Plus de 6,6 millions de Français ont regardé, lundi soir, un film de Jean-paul Belmondo, selon Médiamétri­e: 3,55 millions de téléspecta­teurs pour L’AS des as sur France 2 et 3,09 millions de téléspecta­teurs pour Itinéraire d’un enfant gâté sur TF1, qui lui a valu son seul César pour un rôle.

« Une partie de ma vie »

Eternel jeune premier, amateur

Delmondo/delon : deux monstres du cinéma plus complices que rivaux.

de cascades qui a connu quelques pépins physiques, Jean-paul Belmondo était le dernier des acteurs de la « bande du Conservato­ire », des élèves frondeurs du Conservato­ire des années 1950 qui ont disparu tour à tour ces quatre dernières années : Jean Rochefort, Claude Rich, Jeanpierre Marielle, Jean-pierre Mocky, Guy Bedos.

Autre acteur mythique, plus jeune de trois ans, Alain Delon s’est dit, lundi, « complèteme­nt anéanti » d’avoir perdu cet ami : « C’est une partie de ma vie, on a débuté ensemble il y a 60 ans. » Belmondo fut pendant des décennies une tête d’affiche qui garantissa­it le succès en salles, après des débuts retentissa­nts dans À bout de souffle en 1960, un film légendaire de la Nouvelle Vague.

Le grand public retient ses rôles dans des films d’action et des polars régulièrem­ent rediffusés à la télévision, comme L’homme de Rio (1963), Peur sur la ville (1975) ou Le Profession­nel (1981), programmé sur France 2 hier soir.

« Maintenant, quand je regarde ces cascades, je me dis que j’étais inconscien­t », confiait-il en 2017. Mais il profitait de chaque instant, lui qui avait d’abord cru devoir faire carrière au théâtre : « J’ai toujours travaillé pour le plaisir [...] Je n’aurais jamais imaginé devenir une vedette de films. »

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(Photo AFP)

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