Prêt pour l’extrême, dossard ...
Pourquoi tout ça ? La réponse fuse, limpide comme les flots de la Prom’ un matin calme.
« Le dépassement de soi, tester ses limites mentales ».
Certains choisissent de gravir l’annapurna. D’autres préfèrent se lancer à l’assaut de l’ironman niçois (1). Dimanche, dès 7h30 depuis la plage des Ponchettes, ce sera le cas du Cagnois Didier Branthomme, 62 ans, sans club affilié, dossard 4206... Coureur de l’extrême, comme des centaines d’autres amateurs anonymes.
3,8 km à la nage, 180 km à vélo et 42,195 km de course à pied pour finir... Gare au vertige, seul, tout seul, face à la violence du programme, l’adversité et un chrono qui ne fait pas de cadeau non plus. Autoentrepreneur dans le bâtiment, Didier Branthomme, dans la vie, jure qu’il apprécie la fête, les amis et glisse un mot admiratif à l’attention de sa compagne, Marie. « Je lui dois beaucoup. Épouse de triathlète, c’est dur, en termes de compréhension, de patience...» . Cet Ironman de Nice, son 7e, depuis le tout premier en 2006, Didier le prépare depuis deux ans, en fait. Avec de légères pauses dues aux reports Covid (juin 2020, octobre 2020 et enfin juin 2021) qui ont eu le don de prolonger l’effort sans jamais parvenir à fissurer le ressort de la motivation.
« Depuis mars de cette année, on va dire que je suis dans la préparation finale : 10 heures d’entraînement hebdomadaire, et jusqu’à 20 heures les mois les plus chargés, juin, juillet, août ».
kilos en moins
Son ami d’entraînement, Philippe Moreau, sera lui aussi au départ dimanche. Dans ce combat contre le temps qui passe se cache aussi un rêve, celui de décrocher le Graal de tout triathlète, la qualification pour Hawaï. Pour cela, Didier Branthomme devra terminer premier de sa catégorie, les 60-64 ans. « Cette année, le parcours à vélo a été durci, avec plus de dénivelé, note-t-il. Les temps de qualifications seront sans doute un peu différents ». En 2008, puis 2015, le Cagnois a terminé à dix petites minutes du ticket hawaïen, sur une épreuve de 10h30. Pour tenter de raccrocher le top wagon, Branthomme est allé chercher des améliorations dans sa préparation. Il évoque les entraînements ‘‘polarisés’’ « 80 % en endurance, 20 % en haute intensité », mais aussi les entraînements à jeun, les séances sans glucide pendant 48h, seulement des protéines et des lipides, « ce qui va aider l’organisme à déstocker des graisses pendant la course et améliorer le rendement énergétique ». Ce dernier mois, le triathlète cagnois a passé ses nuits dans une tente hypoxique, posée dans une pièce de la maison.
« La tente simule l’altitude, le but est d’augmenter le taux d’hémoglobine ». À l’approche de l’événement, Didier accuse 7 kg en moins que sa jauge normale, son poids de compétition. La veille, il pense qu’il dormira bien.
« Il ne faut pas trop se mettre de pression non plus, ce n’est pas notre métier, ça reste un loisir ». Lors de l’édition 2014, une chute à vélo sur la chaussée détrempée par un orage l’avait laissé avec de multiples contusions. Un souvenir effacé, sur la foi d’une passion inoxydable. Un athlète à la recherche de l’exploit, dimanche sous les palmiers niçois.
Au bout de tous les sacrifices et pour la simple beauté du sport.