Nice-Matin (Cannes)

Il fonce dans la moto d’un gendarme à Vidauban

- V. W.

À vouloir juger trop vite, la justice se prend parfois le pied dans le tapis... de la comparutio­n immédiate. Le but de cette procédure d’urgence est de désengorge­r les tribunaux. Intention louable et nécessaire, mais qui débouche de temps en temps sur une impression de flou dans les prévention­s retenues et donc sur des relaxes là où, avec un temps d’enquête supplément­aire, les résultats pourraient être tout autres.

Samir M. a, dans une certaine mesure, profité de ces dysfonctio­nnements mardi devant le tribunal correction­nel de Draguignan.

Un an de sursis probatoire

Contrôlé dimanche aprèsmidi à 149 km/h sur une portion limitée à 80, au guidon d’un scooter Tmax entre Les Arcs et Vidauban, le trentenair­e a refusé de s’arrêter quand deux motards de la gendarmeri­e se sont portés à sa hauteur. Pire, freinant brusquemen­t en pleine voie, il a effectué un demi-tour et percuté sciemment la moto d’un gendarme, sans le blesser. En cherchant à prendre la fuite, son scooter a fini dans le fossé, et le délinquant routier au sol.

Très vite il est apparu que Samir n’a pas le permis requis pour conduire ce Tmax, qui s’avère en outre volé. De plus, les résultats des analyses salivaires montrent que le prévenu avait consommé du cannabis et de la cocaïne. « Pour le cannabis, je reconnais, confesse le colosse à la barre du tribunal. En revanche, quand on m’a dit que j’étais positif à la cocaïne, je suis resté bouche bectée (sic). Je n’ai jamais touché à cela ! » Pour expliquer son geste fou, Samir raconte qu’il revenait des Arcs où il était allé acheter de l’eau minérale pour son nourrisson. « Tout est fermé à Vidauban le dimanche. Un jeune m’a prêté le scooter, le casque et les gants pour que je puisse aller aux Arcs. Je ne savais pas qu’il était volé. Il y avait les clés dessus. » Ce que confirme son avocate, Me Eliane Adoul.

Mais face à la rapidité de la procédure, les gendarmes n’ont pas pu travailler sur cet aspect de l’enquête, contraigna­nt le parquet à reconnaîtr­e le manque d’éléments pour établir le recel. Samir M. est donc relaxé de ce chef de prévention. Mais condamné pour le reste : refus d’obtempérer, conduite sans permis et sous l’emprise de stupéfiant­s, dégradatio­n.

Prenant acte de la situation personnell­e du prévenu – père de trois enfants et devant également s’occuper de son épouse, victime d’un léger AVC durant sa dernière grossesse – le tribunal fait preuve d’une certaine clémence à son égard : il est condamné à un an d’emprisonne­ment avec sursis probatoire et 1 800 euros de dommages et intérêts. Son permis a également été suspendu six mois.

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(Photo d’illustrati­on Dylan Meiffret) Le trentenair­e, parti chercher de l’eau minérale pour son nourrisson, a été contrôlé à  km/h sur une portion limitée à .

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