Amphis bondés, risques de clusters et cours annulés
Les examens en distanciel ont boosté le taux de réussite des étudiants de l’université de Résultat : les facs n’ont jamais accueilli autant de monde à cette rentrée. Profs et élèves inquiets.
Le 31 août dernier, la ministre de l’enseignement supérieur et ancienne présidente de l’université Nice-côte d’azur était heureuse de pouvoir annoncer, enfin, la reprise des cours en présentiel à l’occasion de cette rentrée. Les étudiants, après avoir passé presque une année pleine loin des campus, ont repris le chemin de la fac... Et redécouvert la joie des amphis surpeuplés !
Comme en témoigne une vidéo postée mardi, sur Twitter, par Charlène, étudiante en licence de psycho à Nice. On y voit un amphi de Carlone où il ne reste plus une place assise alors que des étudiants continuent à se masser dans les travées. Certaines filières de droit connaissent manifestement la même situation : « On est une vingtaine à suivre nos cours assis par terre », témoigne une autre étudiante azuréenne.
Droit de retrait en psycho
En soi, la situation n’a rien d’inédite. « Les amphis trop petits pour accueillir tous les étudiants, c’est une problématique que l’on connaît depuis des années », rappelle Rémy Bruny, le président de la Face 06, même si ce responsable d’association reconnaît que le contexte, lui, est particulier. Dans ces conditions, le respect des gestes barrières semble, en effet, illusoire. À tel point qu’en fac de psychologie, les cours se sont interrompus dès le lendemain de la rentrée !
« Les enseignants ont décidé de faire valoir leur droit de retrait », rapporte Stéphane, un élève de troisième année. Ce que conteste l’université [lire ci-dessous]. En tout cas, « ils ont estimé qu’ils ne pouvaient pas faire cours dans ces conditions et ils ont tous été annulés pour la semaine. Le temps de trouver une solution. Du coup on attend » ,se désole cet étudiant qui redoute que la situation s’éternise à défaut de pouvoir pousser les murs.
La qualité de l’enseignement impactée ?
Les salles sont ce qu’elles sont. Quant au nombre d’étudiants, lui, il pourrait bien avoir été dopé par le virus. C’est en tout cas l’explication avancée par Stéphane et partagée cette fois par l’administration. «Onse retrouve une centaine de plus, inscrits cette année en licence, que l’an passé. » Pour lui, cette inflation des effectifs est sans doute la conséquence des examens passés en distanciels dans de nombreuses filières. Plus d’étudiants qu’à l’accoutumée auraient validé leur diplôme réduisant l’écrémage naturel qui se fait d’une année sur l’autre.
Si le responsable de l’uni, syndicat étudiant, reconnaît lui aussi que ce n’est pas la première fois que des amphis se retrouvent bondés, il s’inquiète davantage de voir cette situation « habituellement réservée aux premières années concerner désormais des licences, voire des masters ». Pour Andréa Orabona ce n’est tout simplement « pas acceptable » : « Une telle surpopulation nuit à la qualité de l’enseignement. Comment voulez-vous que les professeurs puissent faire cours dans ces conditions et que les étudiants puissent suivre sereinement ? » Sans compter le risque de cluster. Une telle promiscuité est évidemment de nature à faciliter la propagation du virus. Si des foyers de contagions venaient à apparaître faudra-t-il alors revenir au distanciel. Cela réglerait immanquablement la problématique de l’occupation des locaux. Pour autant, une telle éventualité n’est guère du goût des étudiants qui ont dans l’ensemble «trèsmalvécu» la fermeture des campus l’an dernier.