« Une formule complexe avec des accords accessibles »

« Voyage à Nantes », un parfum qui embaume l’histoire du territoire nantais et fleure bon son patrimoine. Basé à Paris, Bertrand Duchaufour, parfumeur indépendant, qui a fait ses premières gammes à Grasse en 1985 chez Lautier Florasynth, nous livre tous les secrets de sa conception.

Connaissiez-vous Nantes ?

J’y étais passé une fois enfant mais n’en avais aucun souvenir. Je l’ai découverte avec les deux autres parfumeurs, avec des guides de la ville. Deux jours édifiants à la rencontre de toutes ses facettes géographiques, historiques et culturelles.

Quelles impressions ?

C’est une ville très verte avec plus d’une centaine de parcs et jardins. Il y a eu la rencontre avec le fleuve Loire et son estuaire si particulier, avec d’innombrables îles où se mélangent les eaux fluviales et les eaux marines. La présence aquatique m’a semblé importante dans la symbolique du parfum.

De quoi est-il composé ?

C’est un parfum complexe avec plus de  ingrédients, avec des accords très accessibles. En note de coeur, il y a du magnolia en fleurs et en feuilles car Nantes est une des premières villes française à en avoir importé. En note de tête, une référence au gâteau nantais, ce quatre-quarts imbibé de rhum et de sucre amandé. De qui rend le parfum gourmand. J’ai utilisé aussi de la vanille naturelle et de synthèse pour en moderniser l’effet mais aussi du jasmin, de la rose et du géranium. J’ai ajouté des notes épicées de baie rose et de gingembre pour structurer. Enfin, pour note de fond, du vétiver d’haïti. Nantes fut un port négrier à partir du

XVIIE siècle. Cette racine du vétiver rappelle les racines celles des victimes de la traite des esclaves.

Y a-t-il des matières premières qui viennent de Grasse ?

J’ai utilisé un petit peu de rose de mai de Grasse.

Une chance de pouvoir la travailler car elle est peu produite. Et aussi du cassis bourgeon de Mouans-sartoux.

Combien d’essais avant de trouver la bonne formule ?

J’ai dû faire  essais et coupages pour trouver l’équilibre le plus harmonieux. Au final, il est un peu plus féminin que masculin.